Le pays affronte une guerre et ne la gagne pas ! Il faut donc changer de méthode.

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La violence est devenue le fléau national, le fossoyeur du vivre en paix. Elle est partout, même au centre de la capitale et les délinquants sont de plus en plus jeunes, douze treize ans. Et jadis plus sage la population féminine n’est pas en reste.


Si les quartiers femmes des maisons d’arrêt sont toujours proportionnellement bien moins peuplés que ceux des hommes, leur taux d’occupation qui a considérablement augmenté traduit une évolution significative des mœurs. Leurs « locataires » sont souvent des personnes plutôt jeunes dont la délinquance s’exprime désormais par des actions violentes avec guet-apens et participations à des rixes organisées. En tout cas des formes de délinquance pratiquement inconnues dans les années d’après guerre. Autres temps, autres mœurs ! Les quartiers hommes sont généralement surpeuplés et surtout de plus en plus occupés par des individus jeunes, souvent mineurs et sans attache à la culture dominante du pays. Jadis, émission de chèque sans provision, vols, escroquerie constituaient le menu d’une audience correctionnelle. Pratiquement pas de violences conjugales ou autres ; les maisons d’arrêt étaient loin d’être surpeuplées ! Et pourquoi le sont-elles aujourd’hui au point que le pouvoir a mis en œuvre « un plan 15 000 places » destiné pour partie à accroître la possibilité d’accueil carcéral ? Victor Hugo pourrait encore écrire « ouvrir une école c’est fermer une prison ». L’homme voulait rappeler que la majeure partie de l’éducation se faisait à l’école, avec des enseignants respectés, imposant une discipline et prodiguant une morale commune à tous, base d’un vivre ensemble d’alors. Et tout allait dans le même sens car, avec la maîtresse ou le maître, les parents éduquaient leur progéniture, la « corrigeant » parfois, ( un temps où la fessée n’était pas interdite ) ; le policier ou le gendarme était craint. C’était une société où il n’était pas « interdit d’interdire ». Mais, 1968 et son mois de mai, où chacun peut faire ce qui lui plaît, sont passés par là. Ce fut la course à la liberté, la naissance d’une société débridée où le mal ne se distingue plus du bien. Et peu à peu s’est instillée l’idée que la contrainte n’était pas naturelle et que l’autorité censée l’imposer devait être combattue. Du Jean-Jacques Rousseau qui rendait la société coupable de tous les maux. Voilà comment on en est arrivé à la violence. Violence contre la police, contre les enseignants, contre les fondements historiques de l’occident, contre les biens publics mais aussi à l’intérieur de la famille où la femme (conjointe, fille) est de plus en plus souvent victime de la force animale masculine. Construire des places de prison est la manifestation de la faillite de l’éducation. On enferme parce qu’on ne sait plus contenir les incivilités. La délinquance ne commence jamais (sauf exception) par un acte grave. C’est dès le premier fait délictueux que la justice doit être saisie et pour cela il faut des juges. Mais le budget de la justice est contraint parce que gouverner c’est faire des choix. La sécurité des personnes ne serait-elle pas pourtant la première préoccupation des citoyens ? L’idée que les forces de l’ordre ne peuvent plus l’assurer fait son chemin. Elles reculent au lieu d’avancer, elles s’exposent à tous les dangers. Une guerre leur est déclarée et à travers elle à toute la société. Comme pour les prisons, la multiplication des postes de policiers ou de gendarmes sans pouvoirs de dissuasion physique ne sert pas à grand chose. Faut-il recourir aux forces militaires pour reconquérir les territoires perdus de la république et y imposer l’ordre de la loi ? Pour l’homme de la rue de plus en plus exaspéré et que nos gouvernants semblent ne pas entendre, la question revient en boucle. Ils ne sont cependant pas aveugles. « Il y a une guerre de l’État contre l’islamisme radical et le trafic de stupéfiants (Ministre de l’intérieur). « La violence enfle dans notre société» (Président de la république). Le constat est exact mais la déclaration du chef de l’Etat prouve qu’à ce jour les réponses à l’agression sont inefficaces.
Il faut donc en changer avant que les citoyens ne se chargent eux-mêmes de leur sécurité. C’est une simple question de volonté.
Et qu’en dit le premier ministre ?
« Les violences contre les forces de l’ordre seront «désormais des délits spécifiques plus durement réprimés» et les refus d’obtempérer «punis plus fortement ».
Un effet d’annonce, sans plus ! N’a-t-il pas compris que ce n’est pas la répression carcérale qui désarmera dealers et meurtriers qui obéissent à une loi plus forte que celle de la république ? On pourra multiplier les places de prison, aggraver les peines, accroître les effectifs des forces de l’ordre, rien ne changera. C’est quand nos policiers et gendarmes ne seront plus contraints de reculer devant des voyous prêts à tout que la guerre sera gagnée ! La montée au créneau, en quelques heures, du ministre de l’intérieur, du premier ministre et du président de la république est un signal fort de la gravité de la situation. Le feu couve. Il importe de mettre en œuvre des lances à incendie adéquates.


Pierre ESPOSITO

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6 commentaires

  • Pierre-Michel Vidal

    Mais de quelle guerre parlez-vous? La guerre contre la Covid? Contre la drogue ? Contre la violence urbaine ? Ou contre la pauvreté et la chômage ? Que signifie ce langage martial ? Que cache cet état de guerre dans lequel vous voulez nous confiner pour en sortir avec des généraux Tapioca qui prétendent nous sauver en signant une pétition à la sauvette ? C’est une sinistre plaisanterie. Pensez-vous que Madame le Pen (puisque c’est de ça dont il s’agit en vérité) soit la stratège capable de gagner ces prétendues guerres ? Poser la question c’est y répondre. Nous ne sommes pas en guerre et nous n’avons pas besoin de sauveur suprême. On sait ce qu’ils valent en réalité.

    • Bien d’accord d’autant plus que voilà que la police en rajoute une couche!

      INITIATIVE – Dans une pétition adressée au président de la République, 93 policiers retraités demandent de « tout mettre en œuvre pour mettre fin à la situation gravissime que traverse la France ». Pour le directeur général de la police nationale, l’initiative « fragilise l’institution ».
      La rédaction de LCI avec AFP – Publié hier à 18h52

      Serions nous en Birmanie?

  • Vraiment c’était mieux avant!!!!
    «Mais,1968 et son mois de mai, où chacun peut faire ce qui lui plaît, sont passés par là.»
    Le coupable est désigné, c’est irréfutable, tout au moins ce qu’affirme l’auteur!

    Pourtant, ces comportements de détraqués, ignobles…existent partout en Europe, aux USA et dans le reste du monde, y compris dans les pays où l’ordre «bienfaiteur» répressif est réalisé, comme dans des pays totalitaires.

    Ce phénomène est mondial et, que je sache, il n’y a pas eu de mai 1968 partout!

    Avec le développement de l’instruction, de l’éducation, de la connaissance donc, de la technologie, le numérique et les réseaux sociaux entre autres, le monde a changé, des prises de conscience de l’exploitation des uns par les autres ont jailli. L’obscurantisme clérical du passé avait bien compris qu’il ne fallait pas instruire la populace, les femmes plus que tout, pour la maintenir sous contrôle.

    Alors, il faut trouver une autre raison que mai 1968.

    Depuis 53 ans, l’eau de la politique libérale et de l’économie a coulé sous les ponts et c’est elle qui a développé «l’interdit d’interdire» au niveau de la consommation, de la fabrication, de la pollution….; chaque entreprise agroalimentaire a pu faire ce qu’elle voulait, chaque industrie alimentaire aussi……; sans problème, pour fuir les impôts, il a été interdit d’interdire que certains placent de l’argent dans les paradis fiscaux. Il a été interdit d’interdire que le chômage, la pauvreté, les inégalités.. se creusent et génèrent un sentiment de ras le bol, de désespoir allant, chez certains jusqu’à la violence.
    Chacun des grands groupes mondiaux a effectivement pu faire «ce qui lui plaît»

    Pensez-vous que la révolte de mai 1968 a confondu liberté et libéralisme?

    «Faut-il recourir aux forces militaires pour reconquérir les territoires perdus de la république et y imposer l’ordre de la loi»
    Cette suggestion interrogative en dit long sur les motivations de l’auteur.

    Le bilan de la situation est sans doute dramatique mais ce ne sont pas:

    * Les vieux nostalgiques du putsch des généraux du cadre de réserve comme André Zeller, Maurice Challe, Edmond Jouhaud et Paul Gardy, secondés par les colonels Antoine Argoud, Jean Gardes, Charles Lacheroy, Joseph Broizat ainsi que Joseph Ortiz et Jean-Jacques Susini, ceux qui avaient pris la direction de la rebellion.
    *La police, la répression, les «y’a qu’à faut qu’on»….

    qui résoudront les problèmes actuels; c’est un changement de politique où la raison du plus fort est remplacée par la raison du plus juste, du plus humain; et là je rejoins Victor Hugo, les laissés pour compte, toujours les mêmes, doivent être considérés comme des êtres humains intelligents, égaux, sensibles, et non des variables d’ajustement de l’économie. L’école républicaine s’est battue pour construire des citoyens respectueux des autres et de la démocratie; elle pourra continuer si on lui donne les moyens de toucher tous les jeunes, si on ne transforme pas la culture en sélection pour les besoins de l’économie, ce qu’elle est maintenant, si on met en place une école de la nouvelle chance pour tous, des parents dans certains quartiers, si on fournit les moyens en personnel, si le «pas de vague» est devenu rigoureusement prohibé.
    Alors, oui,
    *On peut espérer que les prisons se videront en partie, qu’elles serviront à redonner de l’emploi par la formation et non à renforcer la délinquance
    * Que la psychopathologie s’atténuera ou sera contrôlée, du fait d’une prise en charge en continu, par des structures spécialisées, de ceux qui sont en ce moment dans la nature, livrés à leur fantasme souvent homicide.

    • Le dimanche 9 mai, invité sur France 2 après le journal de 20 heures, Robert Badinter questionné sur les violences et l’insécurité a répondu que la solution reposait sur l’éducation et l’exemple. Il a d’ailleurs répété plusieurs fois ces mots.

    • Je réponds à bâtons rompus
      Je pense que vous rêvez.
      « L’éducation nationale « ? L’école donne sa chance, certains la saisissent, même issus de milieux défavorisés…Connaissez-vous des enseignants actuels, générations précédentes ? Quel enseignement diffusent-ils ? le refus de l’excellence, et même la soumission à de nouveaux concepts qui ne sont pas forcément meilleurs du fait qu’ils soient nouveaux ou imbibés de bonnes intentions comme le baba au rhum.
      « Les prisons redonnent de l’emploi par la formation » ? Admettons qu’elles permettent de se former à un emploi, ce qui est bien, mais ce serait donc à ce stade la signification évidente de la faillite de l’enseignement public, de l’autorité parentale ; de plus, cela n’a rien à voir avec le marché de l’emploi. Et on invente encore des structures mille-feuilles qui ne résolvent rien. Fiasco des médiateurs par exemple…
      « L’obscurantisme clérical du passé » ? il a été remplacé par bien d’autres obscurantismes, propres à aliéner bien plus sûrement les masses.
      « L’économie libérale » ? on peut ajouter la dénationalisation de certaines entreprises, livrées à une fausse concurrence, que l’on nous vend comme un bienfait…Oui l’économie libérale sert les magouilles et les magouilleurs.
      « C’est un changement de politique où la raison du plus fort est remplacée par la raison du plus juste, du plus humain » : notre société n’est pas parfaite, elle fait beaucoup en faveur de ceux qui sont des laissés pour compte, ou défavorisés et qui souvent ne souhaitent pas évoluer ou participer en retour… La société idéale n’existe pas. Je n’ose même pas aborder le concept de la raison du plus humain…
      Augmenter les moyens (sous-entendus financiers) ne sert à rien si on ne les accompagnent pas de directives claires, précises. Une volonté politique qui semble manquer.
      Il ressort maintenant que dans cette société, il n’est pas bon d’être ni enseignant ni policier. L’école travaille sur le long terme. Là on est dépassé. Une réaction musclée s’impose. Que le politique ne se cache pas derrière l’excuse de l’héritage des prédécesseurs. On peut refuser un héritage.

      • «Connaissez-vous des enseignants actuels, générations précédentes ?»

        Absolument, je fais partie des générations précédentes, mes enfants des enseignants actuels et mes petits enfants sont étudiants. J’ai la prétention de savoir ce qui s’y passe et s’y fait.

        «Quel enseignement diffusent-ils ? le refus de l’excellence»

        Oui l’enseignement laïque de la république, diffusait, avant une culture générale, une morale; elle formait des citoyens à la tête bien faite, capables de réfléchir et de s’élever dans la hiérarchie sociale en trouvant des emplois adaptés à leur niveau.
        « Le progrès» est passé par là, l’individualisme aussi »
        Maintenant et depuis pas mal d’années, il faut faire des économies, supprimer le plus de personnel; les machines ont remplacé les cerveaux et les mains; du fait des réformes successives bien «pensées», et, il faut le reconnaître, sous la pression des parents, on impose à l’enseignement de préparer à l’emploi; l’échec n’est pas d’avoir des jeunes et par suite des adultes d’un niveau culturel, surtout scientifique, déplorable, c’est qu’ils ne puissent pas trouver d’emplois adaptés, évidemment, aux besoins de l’économie libérale.
        L’école ne doit pas être une valeur d’ajustement!
        Or, des emplois, il y en a de moins en moins, surtout pour les peu qualifiés!
        Quant au refus de l’excellence, c’est une erreur, les enseignants veulent toujours amener le plus possible de jeunes à un niveau le plus élevé possible de connaissances et de compétence. Ce n’est pas chose facile, croyez-le, car les obstacles administratifs sont nombreux et les moyens en personnel insuffisants.

        Pourquoi? L’économie libérale n’a pas besoin de gens qui pensent et qui savent, c’est même mal vu et d’ailleurs mal payé; on refuse une candidature trop diplômée qu’il faudrait payer plus et qui pourrait penser trop.
        L’économie pense pour eux!
        Les classes préparatoires, les universités, font le maximum pour réaliser cette excellence. Les résultats sont loin d’être décevants, la valeur des résultats sont reconnus dans le monde entier mais ils sont immédiatement exploités par l’étranger.
        On ne veut pas payer l’excellence! On ne veut pas payer pour une recherche fondamentale, la seule qui prépare l’avenir, car on ne trouve pas assez vite et c’est donc trop coûteux!
        Le retard dans la recherche sur les vaccins, en France, est une bonne illustration!

        «à ce stade la signification évidente de la faillite de l’enseignement public, de l’autorité parentale ; de plus, cela n’a rien à voir avec le marché de l’emploi»
        Cela a absolument un rapport avec le marché de l’emploi.`
        L’autorité parentale?
        Pour l’assumer, il faut être au contact des enfants, leur parler, les suivre…, manifester un intérêt pour leur réussite et des conseils et encouragements dans le cas contraire.
        C’est de moins en moins le cas, les parents ne sont plus là, ils n’ont plus le temps car le couple est soit séparé soit, pour avoir un revenu suffisant, pour dépenser et consommer toujours plus, ils sont dispersés dans l’espace dans des emplois souvent précaires où ils ne rentrent même parfois pas le soir ou à des heures impossibles!
        Les enfants, livrés à eux-mêmes, ne sont plus soumis à l’autorité parentale mais à celle des groupes ou pire de certains adultes!
        Pour obtenir cette autorité, il faut aussi être un modèle c’est-à-dire montrer qu’en travaillant on peut réussir, or le chômage, la précarité, abaisse cette autorité.

        «L’économie libérale» ? on peut ajouter la dénationalisation de certaines entreprises, livrées à une fausse concurrence, que l’on nous vend comme un bienfait…Oui l’économie libérale sert les magouilles et les magouilleurs.»

        Tiens, on est d’accord, mais que proposez-vous pour remplacer le libéralisme? Je crains que notre accord s’arrête là!

        «elle fait beaucoup en faveur de ceux qui sont des laissés pour compte, ou défavorisés»

        Elle fait surtout beaucoup pour ceux qui ne sont pas laissés pour compte et qui sont favorisés!
        Pour les autres, c’est donc la faillite du système car le résultat est désolant.
        Quant d’immenses bénéfices sont réalisés grâce au travail de certains, il est normal, moral, que dans un pays où la fraternité est élevée au niveau national, ces profits soient partagés autrement qu’avec ceux qui se contentent de choisir les actions les plus rémunératrices.

        «Une réaction musclée s’impose.»

        Le débat ne pourra se poursuivre que si vous explicitez le contenu de la réaction musclée!!