D’une gifle à l’autre

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Je n’ai pas l’intention de m’attarder sur la gifle reçue par le Président de la République. Elle émane d’un individu qui ne sait pas distinguer un représentant élu d’une personne et qui a des idées bizarres sur l’évolution de la société. Et je ne peux souscrire à l’opinion de M. Alain Delon qui soutient que le Général De Gaulle n’aurait jamais pu être l’objet d’un tel soufflet et qui oublie que ce dernier a été l’objet d’attentats.

Je ne souhaite pas commenter non plus la gifle infligée par M. Bayrou à un gamin qui lui faisait les poches. Je ne suis pas assez sûr de son intérêt pédagogique, même si le geste a valu à son auteur une popularité accrue. En revanche, il serait intéressant de savoir qu’elle a été l’évolution de la petite fripouille. Elle a sans doute évité la maison de correction ; on peut espérer que ce garçon n’a pas connu plus tard la prison, car c’est malheureusement bien souvent l’école d’une délinquance renforcée. Il y a là du travail pour un journaliste d’investigation.

Le camouflet représenté par le taux record d’abstention à 66% concerne toute la classe politique et l’ensemble des citoyens attachés à la démocratie . Il suffit de penser aux pays dans lesquels le droit de vote est malmené ou dénaturé pour raviver son attachement à cet acte essentiel de la démocratie.

Certes, les enjeux n’étaient pas très clairs pour bien des citoyens et toutes les listes promettaient d’agir pour le bien-être de tous. Mais peut-on avoir le droit légitime de rouspéter (par exemple pour les modifications des aides sociales ou des limitations de vitesse) si l’on ne vote pas ?

L’expérience des élections municipales a pu dissuader certains d’aller voter. Mais dans mon bureau de vote à Pau, et j’imagine ailleurs, la queue se faisait à l’extérieur, seules 4 personnes étant autorisées à entrer dans la salle. Et cette crainte a dû peu jouer chez les jeunes, car ceux-ci font parfois preuve de désinvolture, pour ne pas dire d’irresponsabilité dans leur comportement. Ils n’ont été que 13% à se rendre aux urnes, alors que les plus de soixante ans ont voté à près de 50%.

On peut voir là une dichotomie bien plus nette que la coupure dénoncée par certains militaires aux accents quasi factieux. Il est peu de français, y compris parmi les musulmans, qui ne désapprouvent pas les attentats. En revanche, l’appétit de liberté est revendiqué par une large part de la population. Quitte à oublier que sa propre liberté doit être limitée par les dommages que l’on peut faire aux autres. Quitte à oublier que la devise de la République est triple et que le fraternité inclut la solidarité. Cette solidarité est aussi présente chez les jeunes qui agissent concrètement en faveur d’ainés ou d’handicapés. Mais sait-on si elle atteint aussi 13% ?

Le goût de la provocation est trop répandu et confine souvent à l’irresponsabilité (ou à la sottise). Si celle-ci triomphe, il est à craindre avec les variants des virus et les réticences à la vaccination qu’une grande claque nous atteigne à l’automne. Et l’on ne pourra pas dire que l’on n’a pas été prévenus.

Paul Itaulog

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Un commentaire

  • Michel LACANETTE.

    «Mais peut-on avoir le droit légitime de rouspéter (par exemple pour les modifications des aides sociales ou des limitations de vitesse) si l’on ne vote pas ?»

    Pas mal de personnes de mon entourage qui ne vont jamais voter et qui le revendique, sont les plus grands rouspéteurs. Je pense qu’ avant l’ accès à l’ ouverture de droits de toutes sortes, la République, devrait demander en premier la carte d’ électeur de la personne concernée et vérifier sa participation au vote où non. Je pense que l’ attitude de certains en serait très vite modifiée à l’ égard du vote. On exige la présentation d’ un certificat sanitaire pour pouvoir accéder à certains lieux, ou se déplacer et rien pour accéder aux droits accordés par la République. Cela ne serait que justice et respect de la démocratie.