Violence quotidienne
Les sondages -il faut s’en méfier comme on vient de le voir lors des récentes élections- le montrent tous : la sécurité est le souci numéro un des Français –avec l’immigration. Les « quartiers » comme on les nomme désormais, le XIXème parisien (la place Stalingrad par exemple), certaines zones de grandes villes, sont le théâtre d’actes délictueux, régulièrement pointés du droit par les médias et désormais les réseaux sociaux. Ils nous montrent des bagarres entre bandes de très jeunes gens, des attaques de commissariats ou des règlements de comptes entre individus parfois armés lourdement et venant souvent de l’extérieur. La drogue, l’alcool, la notion de territoires et d’appartenances sont à l’origine de ces violences.
Le dire, est-ce faire de l’ostracisme à l’égard de ces endroits qui seraient extrêmes ? Est-ce un fantasme ? Un mensonge orchestré par l’extrême droite ? C’est-ce que prétendent certains politiques situés à l’extrême-gauche. Pour la plupart d’entre nous, béarnais -les ruraux d’abord-, cela reste, en réalité, des phénomènes angoissants mais lointains. Nous recevons les images de cette violence répercutée par les réseaux sociaux avec une indifférence teintée d’inquiétude. Pour faire court : cela ne nous concerne pas car nous habitons loin de ces endroits perdus pour la République mais cela pourrait nous toucher un jour et ce jour-là, l’individualisme égoïste dans lequel nous baignons, ne nous pourra pas nous protéger.
Or ça y est ! La violence touche désormais les lieux les plus inattendus, les plus calmes et fréquentés par un large public ; par vous et moi si vous voulez ; ici et maintenant. Scène vécue il y a quelques jours sut l’esplanade du Château de Franqueville à Bizanos, repeint par un groupe de jeunes. Quatre heures de l’après-midi, une lumière superbe, des personnes âgées et un couple enlacé sur un des bancs récemment repeint. Au loin, la majesté des Pyrénées illuminés. Un moment paisible, que l’élégant peintre béarnais Galos –invité du musée en ce moment- aurait aimé décrire. Brusquement, surgis d’on ne sait où, trois jeunes se précipitèrent sur le jeune couple. Ils le rouèrent de coups la jeune femme comme le jeune homme. La bagarre prit un cours très violent avec des coups de couteaux, du sang largement répandu. Les personnes âgées qui voulurent s’interposer furent menacées à leur tour et chacun parti observant de loin, lâchement disons-le, impuissants aussi.
Les très jeunes opposants poursuivirent leurs victimes vers le bois, de sorte que la scène ne fut plus visible des témoins. Les coups redoublaient, les hurlements aussi et quelques minutes plus tard une ambulance arriva. On en sait pas plus sur cette scène brutale et traumatisante. Ce lieu magnifique où malgré les nombreuses pancartes indiquant l’obligation de la laisse, les chiens circulent en toute liberté effrayant les enfants et souvent les adultes, sont sans aucune surveillance ne font l’objet d’aucune surveillance, avait été par un instant terrorisant pour ceux qui en jouissaient en toute quiétude et qui n’imaginais jamais une scène de ce type dans ce lieu.
La violence fragilise d’abord les plus faibles : les personnes âgées, les enfants et, disons-le, les plus pauvres d’entre nous. Désormais on le voit ici, elle touche tous les lieux -à toutes les heures- même ceux qui apparaissent comme les plus sûrs, pourtant. On le voit chaque jour en lisant la presse locale. Certes ce n’est pas nouveau mais la pression des mesures de confinement a accentué ce qui se traduit souvent comme de simples incivilités mais qui parfois dégénèrent en faits plus graves, délictueux.
Que faire ? Avons-nous, simples citoyens, une responsabilité dans cette dégradation ? Ou l’Etat, les élus, en sont-ils les responsables exclusifs ? Faut-il être plus sévère ou laxiste ? On ne peut pas en tout cas se réfugier dans un déni qui ne fera qu’accentuer le mépris de nombreux électeurs, qui, comme on l’a vu, se détourneront des élections car ils n’y croient plus.
Pierre-Michel Vidal