La ferme Marquezine sera détruite

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Vous ne connaissez sans doute pas la ferme Marquezine. Pourtant il s’agit d’un bâtiment appartenant au patrimoine de la ville de Pau. Pour ceux qui auraient la curiosité d’aller la visiter, elle se situe dans le quartier nord de Pau, à l’angle de l’avenue Philippon et du boulevard de la Paix. Il faut aller la chercher puisqu’elle est retirée et peu visible depuis l’avenue. Néanmoins subsistent deux piliers, vestiges de l’entrée de l’allée qui y conduit. Une fois sur place, vous serez à la fois déçus et attristés de constater qu’elle est dans un état d’abandon très avancé.

Il s’agit pourtant d’un bâtiment datant du début du XIXéme siècle à l’aspect typique des fermes béarnaises. Un élément du patrimoine que l’on ne peut ignorer. En 2006, la ville de Pau l’a achetée à sa propriétaire qui a bénéficié du privilège de pouvoir y habiter jusqu’à son décès. Les élus en responsabilité à l’époque avaient pris l’engagement solennel de sauvegarder la ferme. En 2013, la fondation Total soucieuse de participer à la défense de ce patrimoine et s’inscrivant dans une démarche de mécène, a apporté à la ville un soutien de 80.000 €, soit environ 5% du montant des travaux de réhabilitation. Il était envisagé à l’époque, de la transformer en « Ferme du goût »(1). L’ambition, portée par André Duchateau, premier adjoint, était d’en faire une référence de l’agriculture locale et des richesses gastronomiques du Béarn (2). La ferme, son bâtiment principal et ses dépendances, devaient ainsi bénéficier d’une totale revalorisation et d’un aménagement complet. Le projet avait été voté en conseil municipal le 13 juillet 2013 (3).Le choix des entreprises était en cours et les travaux devaient débuter en mai 2014 pour se terminer en avril 2015. Le projet était très avancé puisqu’on parlait d’ateliers pédagogiques, de conférences et d’animations sur le sujet retenu.

Et puis en raison de circonstances, pour rester dans l’euphémisme, la ferme a été ignorée de la nouvelle municipalité. Au point, qu’à ce jour, elle ressemble davantage à une ruine qu’à cette fière construction, référence de notre Béarn traditionnel. La ville a choisi délibérément de laisser à l’abandon cette bâtisse pourtant si emblématique du passé agricole de Pau. C’est ainsi et c’est surtout un choix politique. De la même façon que dans les années 1960, 1970, sous l’ère Sallenave, de nombreuses villas dites anglaises avaient été détruites, pour laisser place à des immeubles modernes, sans âme et sans style, la ferme Marquezine va être rasée. Oui, rasée, oubliés les engagements de l’époque, ignorée la référence patrimoniale. Bientôt elle disparaîtra et plus personne ne s’en souviendra. En 2017, la ville de Pau a vendu la ferme Marquezine à l’EHPAD « Les Lierres », une institution mitoyenne. Les responsables de l’établissement se sont bien gardés d’y effectuer des travaux pour la rénover. Ils ont pris prétexte de son état de ruine pour faire dire à un architecte qu’il sera plus simple et moins coûteux de détruire et de construire du neuf, du bétonnage (encore du bétonnage), que d’en faire une annexe conservée dans son jus. C’est ainsi, lorsqu’on veut faire disparaître un bâtiment, on se garde soigneusement de l’entretenir pour ensuite prendre argument de son état délabré pour dire qu’il n’y a pas d’autre solution que de démolir. Chacun appréciera l’honnêteté de cette façon de se comporter.

Mais les Béarnais, les Palois attachés à l’histoire de leur ville, jugeront. Ils seront d’autant plus attentifs à ces villas dites anglaises qui nous restent, que la preuve est maintenant apportée que rien n’arrête ceux qui se moquent du patrimoine palois. Pensons à la villa Clermont (4), boulevard du Recteur Jean Sarrailh et à la gare SNCF auxquelles l’équipe de « Nous aimons détruire le patrimoine de Pau » est en train de s’attaquer.

Pau, le 12 juillet 2021

par Joël Braud

(1) https://centraledesmarches.com/marches-publics/Pau-Centre-Communal-d-Action-Social-de-la-Ville-de-Pau-Ferme-du-Gout-rehabilitation-de-la-ferme-Marquezine/1025374

(2) https://www.larepubliquedespyrenees.fr/2010/09/24/1-2-million-d-euros-pour-donner-naissance-a-la-ferme-du-gout,157554.php

(3) https://www.sudouest.fr/2013/07/13/la-ferme-du-gout-va-voir-le-jour-avenue-philippon-1113896-4344.php?nic

https://www.larepubliquedespyrenees.fr/2018/10/22/urgent-villa-a-vendre-a-pau-hausse-des-accidents-les-infos-a-retenir-ce-lundi,2449898.php

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14 commentaires

  • ……la ferme Marquezine va être rasée. Oui, rasée, oubliés les engagements de l’époque, ignorée la référence patrimoniale. Bientôt elle disparaîtra et plus personne ne s’en souviendra.

    Plutôt que faire impuissants ce terrible constat, ne serait’ il pas possible de lancer une pétition demandant au minimum des éclaircissements sur cette situation à la Municipalité Paloise, mais surtout faire en sorte que la sauvegarde de ce joyau patrimonial palois soit concrétisé. Je ne suis pas Palois, mais je pense qu’ au sein de la population paloise, il y a bien quelques personnes amoureuses de ce patrimoine, ou association pour mener à bien cette démarche et non pas accepter cette démolition comme une fatalité.

    • En 2016 2017, une réaction de la population aurait été bien utile, je crains qu’aujourd’hui le mode de réaction nécessaire soit passé de la pétition à l’enchaînement collectif sur un terrain privé le jour J…
      Y a t’il des candidats ?
      Pour info le débat du 19 septembre 2016 en conseil municipal. Rapport N° 11 , placez le curseur à 55% environ.
      https://www.youtube.com/watch?v=Oe_Cml826xY
      J’usais ce jour là de beaucoup de diplomatie pour arriver à faire bouger la décision sachant l’attitude frontale stérile… malheureusement en vain, le travail de sape ultérieur des deux adjoints intervenant dans cette vidéo ont eu raison du devenir de la ferme vendue en 2017.

      • Pour être plus précis que 55%, l’intervention à propos de la ferme Marquezine lors de la réunion du conseil municipal de Pau en date du 19 septembre 2016, est comprise entre 1 h 36 et 1 h 54.

  • Dans sa configuration, sa composition de batiments et son architecture, la ferme Castet n’avait rien à voir avec l’équilibre des compositions du bâti de la ferme Marquezine, typique des constructions du 19 ème siècle en arriere plan de la chênaie qui faisait partie de la ferme originelle .
    Cette observation n’a absolument rien à voir avec la qualité des habitants, leurs gentillesses, leurs valeurs et leurs mérites à travers les générations que je respecte autant d’un coté ou de l’autre de l’avenue Philippon .
    Il se trouve que la ferme Marquezine était à la vente en 2006 et qu’elle avait un réel intérêt patrimonial à sauvegarder.
    Pour ce qui est du parking vide, trop de mauvaises décisions successives depuis 2014 en sont la cause, avec en prime l’année Covid 3 mois après le lancement du BHNS dont aucune municipalité n’est évidemment responsable .

    Par contre, je suis particulièrement surpris de votre présentation des choses dans ce forum concernant la ferme Castet . J’ai effectivement été acteur de cet achat pour le compte du SMTU et le nom de  » Marsaguet  » n’y était pas étranger, par contre il convient de préciser que le SMTU n’a fait que faire valoir sa priorité d’achat alors qu’une négociation de transaction était déjà très engagée entre la famille du dernier occupant et un acteur immobilier parfaitement identifié . La destination de la parcelle, la destruction de la ferme et le délogement évoqué qui s’y rattache ne faisait aucun doute même si le SMTU ne s’était pas interressé à ce terrain.
    Dans les deux cas les vendeurs de la ferme Castet connaissaient parfaitement l’issue vers une destruction de la ferme.

    Il peut être humain et compréhensible que des regrets soient par la suite intervenus, je peux l’entendre mais si l’on me mets en cause, je rectifie et j’explique avec les faits dont j’ai connaissance .

    En l’occurrence, je pense que la comparaison des deux dossiers n’est pas très opportune. La peine des familles elle, est légitime.

  • Depuis que M.Bayrou et ses adjoints sont à la manœuvre en mairie de PAU, je ne peux que me désoler de voir une ville qui avait le potentiel d’une cité très moderne (beaucoup de terrains végétalisés en sont sain, comme en rêvent les grandes métropoles) devenir une agglomération des années 80/90 (tout bitume et bagnoles).

  • Marsaguet labirousque

    Vous parlez beaucoup de la ferme Marquezine abandonnée, mais vous oubliez que de l’autre côté du chemin Phillipon il y avait la ferme Castet présente depuis plusieurs générations également et là M. Duchâteau et compagnie n’ont pas hésité à déloger les habitants pour faire un parking ou personne ne laisse sa voiture. 8 ans volés dans ma vie. J’ai la haine de voir un tel gâchis.
    Alors entre une maison vide (plus d’habitants et déloger les habitants pour un parking personne ne pense aux dommages collatéraux ). Honte a cette ville qui détruit tout sans aucun remords.

    • A Madame et/ou Monsieur Marsaguet-Labirousque :

      Question : estimez-vous avoir été floué(e) par la municipalité alors en place, lors de la cession de votre propriété bien située à l’angle des allées Catherine de Bourbon et du boulevard de la Paix, et ce, par rapport au prix que vous auriez pu obtenir de la vente de la ferme Castet à un promoteur immobilier, les terrains à vendre sur Pau, n’étant pas nombreux à l’époque et encore moins… maintenant ?

      D’avance merci pour votre réponse, si… ce n’est pas trop indiscret.

  • Encore un scandale.
    Détruire cette ancienne ferme, une des rares restante sur Pau, est vraiment un très mauvais choix; surtout après les engagements municipaux de l’époque.
    Mesdames, Messieurs les décideurs, de grâce, revenez sur ce choix.
    Il ne s’agit pas de nostalgie, mais du respect de notre passé; passé qui nous sert et servira à mieux envisager l’avenir.
    Cette ferme Marquezine fait partie de notre patrimoine; elle doit être restaurée et aménagée en reprenant, à peu de chose près, le projet lié à la Maison de retraite se trouvant à côté.
    Et n’évoquez pas le manque d’argent; quand l’on voit les dernières réalisations sur Pau, les euros ne semblent pas trop manquer, et l’on sait les trouver quant on veux …

  • Ah ! Si nous avions un maire palois, voire béarnais, ça ne se serait pas passé ainsi ! On ne peut pas squatter indéfiniment les plateaux télé, juste pour ânonner quelques lapalissades, et s’occuper en même temps de ce qui reste de notre patrimoine. Dommage, car il y avait là, un super programme…

  • Avec l’accord des enfants Hourquet-Rimbès, je recopie ici, dans son intégralité, le contenu de la correspondance qu’ils ont bien voulu m’adresser. Les mots et les formules qu’ils ont employés traduisent la douleur qu’ils ressentent. Je pense que, comme moi, vous y serez sensibles.

    « Objet : réponse à l’article « La ferme Marquezine sera détruite »

    Monsieur,

    C’est avec une certaine aigreur gue nous avons lu votre article intitulé « La ferme Marquezine sera détruite ».

    ll nous faut d’abord rectifier une erreur : Madame Marcelle Marquezine, épouse Hourquet-Rimbès n’a bénéficié d’aucun privilège d’aucune sorte ! Elle est décédée chez elle, dans la maison familiale où elle avait toujours vécu, le 16 décembre 2005, et sa maison a été vendue, en 2006, à la ville de Pau, après que ses trois enfants et héritiers aient écarté d’autres investisseurs intéressés par l’achat de ce lieu, le choix par eux de la Ville de Pau n’étant pas anodin puisqu’ils sauvegardaient ainsi, du moins le pensaient-ils, l’avenir de cette maison où ils étaient nés et avaient grandi.

    L’apprentissage de certaines valeurs, ils l’avaient intégré dans leur enfance en ces lieux, et le respect de la parole donnée, entre autres, leur avait été inculquée !

    Pétris de ces valeurs, ils ont cru, après avoir diminué sensiblement le montant du prix fixé par un expert, obtenir la certitude que leur maison ne serait pas détruite. Les représentants de la Ville, avec qui ils avaient traité, s’y étaient engagés !

    Qui, de nos jours, se soucie de respecter ou faire respecter des engagements de cet ordre ?

    Il était bien plus facile, et lâche, de faire croire que le temps qui détruit pouvait être considéré comme seul responsable de l’état actuel des choses ! Il a suffi de négliger, abandonner, laisser sans surveillance cette maison pour qu’elle devienne une quasi ruine. Quant à nous, il n’était pas rare de dévier le cours de nos déplacements à Pau, pour ne pas assister à ce massacre !

    Nous sommes amers et attristés de penser que cette bâtisse aura bientôt disparu de ce quartier et, avec elle, tout un pan d’un passé encore récent qui plongeait ses racines dans des traditions séculaires familiales et béarnaises et demeurait un témoin reconnu d’un passé essentiellement agricole de ce que l’on nommait « Le Hameau de Pau ».

    Nous avons été floués et à travers nous nos enfants, petits-enfants et tous ceux qui ont connu et aimé ces lieux. Par contre, en cela fidèles à nos valeurs, nous n’avons aucun regret d’avoir cru que les engagements pris seraient respectés !

    Honte à ceux qui ont ignoré ces engagements !

    Nous vous prions de croire, Monsieur, à l’assurance de notre considération distinguée.

    Pr les trois enfants Hourquet-Rimbès. »

  • Je me souviens et alors que je faisais partie du Conseil de quartier Pau nord, avoir participé avec une petite vingtaine de personnes, à vider et surtout nettoyer avec un « maximum » de poussière cette ferme, bénévolat qui finalement n’a servi à rien, pour les raisons que vous connaissez…

    Quelques informations sur le projet « Ferme du Goût », avaient été transmises en septembre 2011, par la responsable « chargée de projets » (Mission Développement Durable : Communauté d’Agglomération Pau Pyrénées – Mairie de Pau), informations et « timing », résumées comme suit :

    – Sur le plan architectural : à l’époque, en phase APD (avant-projet détaillé).
    – Si le calendrier était tenu, les travaux devaient commencer début 2012 (avec en PJ des esquisses ainsi qu’un plan, réalisés par le maître d’oeuvre , architecte DPLG), pour nous donner une première idée de l’aménagement envisagé. L’APD devait être au Conseil Municipal le 20 octobre 2011 pour approbation.
    – Concernant l’aménagement du jardin, une première esquisse avait été réalisée par une personne membre du service « Espaces Verts », mais devait être modifiée de façon conséquente au vu de l’aménagement proposé par l’architecte et des remarques des membres du comité de pilotage. La nouvelle esquisse devait être achevée avant la fin de l’année 2011…
    – Les recherches de financement étaient en cours, avec la sollicitation du Conseil Général (une réunion avait déjà eu lieu), du Conseil Régional et du FNADT (Fonds National pour l’Aménagement du Territoire).
    – La rédaction des fiches action en collaboration avec les partenaires était en cours.
    – La préparation de la formation des intervenants relais était en cours pour un déroulement principalement sur l’année 2012 (et une partie début 2013 afin de pouvoir travailler dans la cuisine de la FDG = Ferme du Goût)

    Triste fin pour cette belle bâtisse béarnaise malgré une implication et une mobilisation de plusieurs personnes pour un projet finalement et hélas, abandonné par la nouvelle municipalité…

    Comme mentionné, en fin de cet article :
    « Mais les Béarnais, les Palois attachés à l’histoire de leur ville, jugeront » … face aux décisions de l’équipe de « Nous aimons détruire le patrimoine de Pau »

  • Cette façon de gérer le patrimoine local est lamentable, honteuse même mais s’inscrit malheureusement dans une longue successions de bêtises décidées par certaines autorités locale Paloises depuis un siècle au nom d’un pseudo dynamisme pourtant si ringard dans les choix de constructions se substituant à ces destructions patrimoniales.
    Il semble bien que ceux qui prétendent aimer PAU jusque dans la nomination de leur liste d’élus en soient à nouveau les premiers destructeurs ..

    Détruire les deux ailes de la gare au cours de l’année Européenne du patrimoine ferroviaire, faut quand même en tenir une bonne couche dont l’épaisseur se confirme à celui ou celle qui veut bien se pencher sur le rapport dépense/utilité de l’ensemble du projet de la gare à 21M€ .
    Quand on pense que mener un projet de sauvegarde de la ferme Marquezine au bénéfice d’une grande cause de santé publique et de mieux être des populations modestes coûtait trop cher à 1,5M€ pour ces soi-disant  » amoureux  » de Pau .. aïe aïe aïe.
    On va sans doute nous expliquer que les personnes âgées ont plus besoin d’un confort bétonné que de références à leur passé.. en guise de paroles d’experts. Comme si l’un était de fait incompatible avec l’autre.. aïe aïe aïe.

    Le mur du stadium était il si gênant ? Pour quelques m2 d’asphalte imperméable renvoyant encore et encore + de chaleur pour les futurs étés caniculaires . Il paraît que pour parfaire l’œuvre les plus majestueux platanes qui bordent le canal vont être abattus également. Les technos et les élus Palois se surpassent « d’intelligence » décidément !!!

  • Pierre-Michel Vidal

    « Du passé faisons table rase » cela semble être la devise de la municipalité. On a vu pourtant où ce genre de chanson conduit !

    • piou-labat Anne-Marie née Hourquet-Rimbès (petite-fille Marquezine

      Après des recherches plus précises, je rectifie la date de vente de la ferme Marquezine à la Ville de Pau. Elle ne fut effectuée que le 1er octobre 2007 !
      Soit près de deux ans après le décès de notre mère Madame Marcelle Hourquet-Rimbès, née Marquezine.