Et si l’on parlait réforme des institutions ?
Ces derniers temps, le président de la république et le gouvernement ne cessent pas d’annoncer de nouvelles mesures manifestement destinées à séduire les électeurs en vue de l’élection présidentielle de 2022 à laquelle participera bien évidemment le chef de l’Etat. On promet, on distribue, alors que la dette du pays sera remboursée en 20 ans, comme l’écrit Capital.…
« Le Gouvernement vient de l’annoncer : la France aura remboursé sa dette due au Covid en 2042 ! Une génération sacrifiée sur l’autel du “quoi qu’il en coûte ». Une génération, vingt ans ! C’est long… et 20 ans c’est très vraisemblablement une fausse estimation. Ce sera, en fait, beaucoup plus. Pourquoi ? D’abord parce qu’il est quasiment impossible de faire des prévisions économiques sur 20 ans. Ensuite, le remboursement “par la croissance” est un leurre dangereux».
C’est aussi faire fi de tous les avatars qui surviendront fatalement.
Pour faire oublier cela, le chef de l’Etat et son gouvernement jouent sur plusieurs pupitres, tantôt économiques ainsi une prime de 100 euros net et hausses de salaires pour les sages-femmes en janvier 2022 ou une défiscalisation, en 2023, des pourboires qui n’ont jamais dû encombrer la déclaration de revenus de leurs bénéficiaires, tantôt politiques en annonçant une réduction de moitié des visas pour les ressortissants tunisiens, algériens et marocains, mesure ridicule quand on sait combien de clandestins s’installent durablement en France sans courir réellement le risque d’une expulsion même après une sanction pénale.
Et ce n’est pas tout, évidemment.
Et puis, il y a plus subtil parce que plus discret et plus en lien avec le prochain scrutin.
Ainsi en va-t-il de la réduction du nombre de parlementaires, de la mise en œuvre d’une représentation proportionnelle et de la limitation des mandats.
Il semblait que le peuple français, qui s’éloigne manifestement de ses élus, en se détournant de façon significative des urnes, attendait tout d’abord une rapide réduction du nombre de parlementaires. N’était-ce pas d’ailleurs une promesse du candidat Emmanuel MACRON ? « Je proposerai la réduction d’un tiers d’un nombre de parlementaires » disait-il . Début 2018, le gouvernement prévoyait de ramener le nombre de députés de 577 à 404 en 2022 dont 15% élus à la proportionnelle. Et depuis plus rien. Il s’agit pourtant de mesures souhaitées par les électeurs pour diverses raisons.
D’abord l’absence de toute obligation de présence pour l’élu et des lois souvent votées par une poignée de députés ! Ensuite aucun rôle réel pour la minorité, qui ne devrait pas être qualifiée d’opposition, et un vote unanime par la majorité incapable de s’opposer au gouvernement, rendant purement factice un débat démocratique. Quant à la limitation des mandats dans le temps, les vieux grognards n’en veulent surtout pas. Que feraient- ils une fois retraités ? Plus de première place dans les réunions, plus de considération, plus d’avantages, plus de pouvoirs permettant parfois de caser un ami ou un parent et plus de rémunération confortable.
Pour se convaincre de l’urgence à régler ces problèmes, il faut se souvenir qu’en France un député représente 72000 citoyens quand en Allemagne il en représente 113000 !
Les freins sont hélas nombreux. Imagine-t-on des parlementaires voter la réduction de leur nombre et donc le retour à la maison de certains lors des scrutins suivants.
La justification serait la nécessité de demeurer près de l’électorat. Mais combien de citoyens se rendent à la permanence de leur député ou de leur sénateur ? Et pour quoi d’ailleurs ? Leur suggérer des propositions de lois ? Les moyens d’information modernes sont suffisants pour éclairer quiconque sur ce qu’il conviendrait d’abolir ou d’ajouter au corpus juridique du pays.
Et la limitation dans le temps des mandats ? Elle n’avance pas non plus parce que pour beaucoup la politique est leur seule activité professionnelle et donc leur seule source de revenus.
Inutile de poursuivre. Beaucoup pensent, sans doute, que la réforme des institutions pourtant promise par le Président de la République n’est pas pour demain. Il est vrai qu’on n’en parle plus, même dans les partis minoritaires. Il faudra pourtant trouver un remède à l’abstention qui est indiscutablement l’expression de la défiance voire du mépris des électeurs pour les élus et qui, au final, conduit au pouvoir des candidats portés par une minorité de votants.
Pierre ESPOSITO
Tu touches là un sujet qui nous intéresse tous et qui, malheureusement, jusqu’à ce jour, n’a trouvé ni solution, ni application des promesses faites aux électeurs… normal, puisqu’elles n’engagent, comme disait Pasqua, que ceux à qui elles sont faites!