On détruit des forêts pour planter des arbres !
Un jour viendra, et plus tôt qu’on ne pense, où le degré de civilisation se mesurera non à l’emprise sur la nature, mais à la quantité et à la qualité de nature qu’elle laissera subsister. » Robert Hainard.
Dans l’indifférence générale et la détermination sans faille des politiques en place, des industriels du bois et des investisseurs, la quantité et la qualité de nature sont entrain de se réduire comme peau de chagrin.
«Dans les Pyrénées, le présent et l’avenir des vieilles sapinières, des fonds de vallon oubliés, des hêtraies matures où s’épanouissent des arbres majestueux … sont liés à de très nombreux paramètres, aux cours du bois sur le marché, au bon vouloir des propriétaires, aux initiatives portées par les entreprises, les institutions, les élus, la société civile, et bien sûr, aux décisions prises par l’État français.» Philippe Falbet.
Attention, danger, on est entrain d’accélérer la chute de la biodiversité, de faciliter l’introduction des espèces invasives, le développement des parasites et les hybridations destructrices des identités génétiques.
Hélas, la nature, çà commence à bien faire !
Le gouvernement veut nous imposer, en utilisant des images d’Épinal qui font plaisir aux médias français, de «planter des arbres, c’est bon pour la planète».
Non ! Ce qui se joue aujourd’hui, c’est qu’on va détruire des forêts existantes pour planter des arbres. Le climat sert d’alibi !
L’arbre cache donc la forêt.
Une tromperie généralisée pousse les citoyens à vouloir «planter un arbre», au prétexte de mieux adapter la forêt aux changements climatiques, des peuplements naturels sont rasés pour faire place à des plantations monospécifiques.
Précisons qu’il n’est pas question des grands platanes de la place du village, près de la fontaine ; des arbres «citadins», des arbres au milieu des cultures ou des haies; ceux-là, ils dépolluent, oxygènent, décarbonisent, rafraîchissent l’air ambiant en été et servent de refuge aux prédateurs des parasites, il s’agit des arbres de la forêt.
Pour beaucoup de citoyens, planter un arbre est associé à un acte indispensable de bonne gestion forestière : une idée fausse entretenue par les acteurs de la filière forêt-bois aux pratiques plus que contestables
On ne plante pas un arbre dans la forêt, elle le replante elle-même !
Thierry Gauquelin, dans un article du Monde :
«Une plantation n’est pas une forêt, c’est un écosystème beaucoup plus simple, qui ne rend pas les mêmes services. La biodiversité, les processus écosystémiques sont beaucoup plus complexes dans la forêt : ce sont des milliards d’échanges de matière et d’énergie entre la faune, la flore et le sol. C’est une dynamique très complexe, avec des chaînes trophiques, des organismes qui se mangent les uns les autres.
Une plantation, c’est la même chose, en gros, qu’un champ de maïs.»
L’actuel ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, annonce «le plus grand investissement forestier depuis l’après-guerre».
Deux cent millions d’euros devraient financer des mesures sur les années 2021-2022 pour les propriétaires forestiers souhaitant «renouveler» des forêts «dites» dépérissantes, ou pour produire des graines et des plants.
«Ce plan de relance a pour objectif la plantation de 50 millions d’arbres sur 45000 ha de forêt. Une initiative visant à relancer l’économie, à planter des essences plus résistantes au changement climatique, mais avec une « culture » de la forêt calquée sur l’agriculture intensive, et l’appauvrissement de la biodiversité qui va avec.»
Il faut transformer les forêts en monocultures d’arbres bien alignés, faciles à travailler… le gouvernement assume:
« une forêt, ça se cultive, ça s’exploite »
Non, une forêt, c’est un couvert forestier permanent avec de vieux arbres et du bois mort, c’est permettre la présence d’habitats et micro habitats essentiels à de très nombreux organismes, composant la biodiversité d’une forêt en bonne santé écologique; c’est permettre la décomposition du bois, les échanges mycorhiziens dans le sol, la présence naturelle des prédateurs d’insectes et champignons ravageurs tant redoutés par les forestiers.
C’est permettre un stockage du carbone gratuit sur des centaines d’années, notamment dans les sols.
Globalité et complexité, c’est tout autre chose !
Un article de Michel Bartoli paru dans la revue Forêt privée de Janvier 2021 nous alerte sur les dangers de ces projets :«sous le prétexte de mettre des essences estimées plus résistantes à la sécheresse, on est prêt à mettre n’importe quoi, envahissantes, allergènes, hybridogènes avérées, essences gélives, suivies de pathogènes qui prospèrent avec le réchauffement… Donc à faire courir des risques énormes et insurmontables à la biodiversité. Et puis, il y a aussi les sols que l’on compacte (en préparant les sols d’abord), en rendant permanente leur plus faible réserve en eau alors que les techniques de prévention existent depuis plusieurs dizaines d’années»
Près de chez-nous la forêt landaise dépérit car le stress hydrique lié aux sécheresses est violent, accentué par le fait que tous les arbres, de même âge et de même diamètre, puisent l’eau du sol à la même profondeur.
Les scolytes, dont la reproduction est déjà favorisée par la douceur hivernale, se développent massivement. En surnombre, leurs prédateurs absents ou presque, ils provoquent des ravages en attaquant les arbres en fragilité mais aussi des arbres sains.
Les plantations d’épicéas, quant à elles, n’ont pas attendu 2020 pour dépérir dans les Pyrénées.
«Afin d’anticiper le changement climatique, l’îlot d’avenir est l’une des toutes nouvelles stratégies prévues par l’Office National des Forêts pour expérimenter des essences exogènes dans les forêts publiques.
La plantation de nouvelles essences de sapins provenant du bassin méditerranéen, en l’occurrence le sapin de Cephalonie (grec) et le sapin de Bornmuller (turc) vient d’être autorisée, alors que ces espèces s’hybrident avec le sapin pectiné, essence autochtone aux caractéristiques génétiques particulières et uniques provenant aujourd’hui de deux refuges post-glaciaires, Est et ouest pyrénéen.»
Si certaines essences paraissent sensées, comme le chêne sessile ou le pin de Salzmann, il y a, en regardant la vaste liste, de quoi bondir.
« Personne ne connaît actuellement la résistance de ces nouveaux arbres aux pathogènes, au stress hydrique, l’adaptation des cortèges d’espèces, flore et faune associés, l’exposition aux aléas climatiques dont les gélivures … et justement, alors que des expérimentations et programmes de recherche sont en cours, »
L’autorisation de planter ces essences a été votée à la CRFB d’Occitanie le 23 Novembre 2020.
*Le févier d’Amérique, autorisé, est pourtant reconnu pour son pouvoir envahissant.
*Trois espèces d’eucalyptus, réputés assécher les sols et proscrits un temps du piémont pyrénéen où un gros acteur économique souhaitait les implanter, sont aussi autorisés.
Au Portugal, à partir des années 1970, des milliers d’hectares d’eucalyptus ont remplacé les chênes-lièges, très résistants au feu, permettant l’économie du bouchon et des isolants. La conséquence a été des incendies meurtriers, car l’eucalyptus est une espèce très inflammable.
*Le frêne de Mandchourie, supposément celui là même qui a amené la chalarose du frêne en France, est autorisé.
*Tout comme plusieurs espèces de cyprès dont le Cupressus arizonica, cyprès au pollen allergène qui, planté en monoculture, représente un danger potentiel pour certains humains !
Un dangereux non sens.
Tous ces millions d’euros pour détruire nos forêts et favoriser l’enrichissement des industriels du bois sont payés par le contribuable.
Non, merci !
Pour m’appuyer sur de valeurs solides, scientifiques, écologiques, économiques, politiques et sociétales, j’ai utilisé abondamment l’argumentation d’un spécialiste: Philippe Falbet; son intervention sur notre site, jadis, nous a permis de faire connaître l’importance des forêts préservées.
Il a créé le site bénévolewww.vieillesforets.com, où l’on peut lire de nombreux articles sur nos forêts pyrénéennes; on peut gratuitement demander l’envoi numérique des publications.
Vous y trouverez autrechose que les divagations du ministre de l’agriculture et cela vous changera des élucubrations de nos candidats à la présidentielle.
signé Georges Vallet.
crédits photos:VIEILLESFORETS.COMActualités | VIEILLESFORETS.COM
« Deux cent millions d’euros devraient financer des mesures sur les années 2021-2022 pour les propriétaires forestiers souhaitant «renouveler» des forêts «dites» dépérissantes, ou pour produire des graines et des plants. »
Tout arbre est considéré comme un bien pour celui qui le possède sur son terrain.
Il doit rapporter, comme tout autre bien.
Rien ne peut contrevenir à cette loi capitaliste.
Un forestier n’est pas un écologiste. Difficile de lui demander d’agir contre son intérêt.
Qu’a t-il à faire d’une forêt qui « vit » ? Il la veut propre, exploitable et productive.
Rien ne peut contrevenir à cette loi capitaliste. Un forestier n’est pas un écologiste.
Peut être qu’ un jour il faudra donner le statut d’ être vivant aux arbres pour qu’ enfin son sort soit respecté vis à vis des droits des êtres vivants. Faire subir le sort de simple objet matériel aux arbres, est une ineptie totale, qui nous condamne à scier la branche de notre propre survie. Les coupes rases, sont à mon point de vue de véritables crimes contre l’ humanité, dont devraient répondre les forestiers.
Exact: bien personnel et bien collectif; le capitalisme ignore le collectif.
Il n’a pas compris qu’un jour les conséquences de cette addiction lui retomberont dessus mais il s’en moque, car le problème sera pour les descendants!
Au problème de l’ optimisation des plantations dites » forestières » s’ ajoute le problème du type d’ exploitation dont personne ne parle. ( animale pour les sites sensibles, par câble ou mécanique ) Dans le temps l’ exploitation était de type de prélèvement qui s’ effectuait au fur et à mesure de l’ évolution du couvert.
Ce type d’ exploitation ne pouvait se faire qu’ avec l’ aide animale qui n’ engendrait que du piétinement sur les sols. Aujourd’ hui la méthode étant remplacée le plus souvent par celle de la coupe rase,
l’ exploitation s’ est industrialisée et n’ est possible qu’ à l’ aide d’ engins mécaniques de plus en plus puissants et donc de plus en plus lourds. Ce qui fait que l’ ancestral piétinement est remplacé par le plus moderne compactage des sols de type autoroutier, avec son corollaire l’ érosion et même en montagne la stérilisation des sols des années après. Voir certains secteurs à Lescun où des dizaines d’ années après les coupes, on ne constate pas de repousse.
A ce problème s’ ajoute celui de la destruction de la micro faune qui a besoin d’ un sol meuble pour vivre et survivre, car s’ ajoute aussi le problème des pluies acides qui n’ est pas sans incidence.
L’ exploitation actuelle, sans règle définie, relève plus de l’ acte de guerre que de la bonne gérance du forestier, car à ma connaissance aucune norme environnementale ne régie cela.
Face à l’ importance que prend l’ industrialisation de l’ exploitation forestière et en connaissant bien maintenant les conséquences que cela entraîne sur l’ environnement, afin de » sauver les meubles » comme l’ on dit de ce qu’ il reste de forets dites naturelles, il serait urgent que des règles de bonnes conduites d’ exploitation soient définies clairement avec des pénalités pour ce non respect. Il existe bien quelques règles de remise en état de lieux exploités, mais généralement pas appliquées, si ce n’ est la pose de quelques rochers où d’ arbre en travers pour limiter l’ accès aux pistes aux 4×4. Limitation bien dérisoire.
Il faudrait tenir compte du contexte particulier de la zone à exploiter( montagne, collines, plaines ) du type de terrain ( pentu, rocailleux, marécageux, terreux ) pour le moyen d’ exploitation. Mais également devrait être pris en compte la météorologie de la région ( pluvieuse, sèche, froide) pour définir les périodes d’ exploitation les moins impactantes. Sans oublier aussi la faune présente dans la zone exploitée.
Malheureusement sur le terrain on est loin de tout cela. Il semble bien que nous n’ en prenons pas le chemin avec ce qui se passe en Suède actuellement, qui je pense va se généraliser à toute l’ Europe comme une traînée de poudre bien plus que des règles de bonne conduite.
Ce soir sur le journal de la 2, un reportage qui nous apprend qu’en Suède, on abat des arbres jugés trop vieux pour les remplacer par de jeunes pousses. Cela est très controversé avec des arguments correspondants aux vôtres.
Compte tenu de la destination qui est réservée aux arbres, on ne peut pas parler de forêt mais de sylviculture; cette solution peut donc s’expliquer car comme les arbres poussent toute leur vie en émettant chaque année de jeunes pousses latérales le volume pris devient gênant; il faut des troncs droits et dépourvus de ramifications.
Il ne faut pas oublier que l’exploitation commerciale du bois est dans la culture de la Suède.
«La Scandinavie et en particulier la Suède joue un rôle fondamental dans le commerce de bois. Les forêts de Suède sont pratiquement entièrement basées sur l’industrialisation du bois. C’est un marché florissant et en constante progression puisque la demande est toujours de plus en plus importante.»
Les arbres de Scandinavie – Oin : Pensons autrement
https://www.oin-h238.fr › les-arbres-de-scandinavie
10 oct. 2017 — Les arbres de Scandinavie … La Terre est composée de huit écozones (ou régions biogéographiques) représentant tout ce qui touche à la faune et à …
Avec le changement climatique, la pauvreté constatée de la biodiversité, les incendies, et l’ouverture des esprits à l’intérêt d’une gestion plus écologique par la population, de nombreuses voix s’élèvent dans la pays.
Quelques documents intéressants:
L’Express 2018
«Dans une tribune, l’écrivain Sven Olov Karlsson a fustigé « l’enfilade de forêts d’épineux qui déroule le tapis rouge aux tempêtes de feu » et lance dans le ciel des « flammes hautes comme des cathédrales ».
« Il n’était peut-être pas si malin de tout miser sur le sapin et le pin (…), d’éradiquer les feuillus et de créer des monocultures de conifères qui peuvent faire avancer le feu de 80 mètres par minute », a-t-il écrit.
La quasi totalité des forêts suédoises ont moins d’un siècle. Forêts dites « de production », souvent denses, elles sont composées à 83% de conifères dont la taille haute prive de lumière les autres espèces.
État des lieux des forêts de Suède | EcoTree valoriser nos forêts
https://ecotree.green › Blog
12 juin 2019 — Toutefois, dans cette perspective, les Suédois ont développé une sylviculture intensive qui n’épargna que le massif forestier situé près de la …
Or vert contre biodiversité: à l’heure des … – Sciences et Avenir
https://www.sciencesetavenir.fr › nature-environnement
26 juil. 2018 — Forêt carbonisée à Korskrogen en Suède, le 25 juillet 2018 … « Il n’était peut-être pas si malin de tout miser sur le sapin et le pin (.