Vaccination contre le Covid-19 : La grande illusion

Il y a quelques semaines, j’entendais l’interview d’une maman devant l’école de son fils. Au journaliste qui lui demandait si elle n’avait pas de crainte liée au retrait du masque dans cette école, elle répondait que sa famille ne risquait plus d’être malade puisque tous ceux qui avaient l’âge requis étaient vaccinés.
Je crois que c’est une illusion communément admise de penser que la vaccination contre le Covid-19 protège totalement ceux qui y ont recours. Les plus méfiants ajoutent « au moins pour les formes graves ». Il faut dire que le slogan de la propagande gouvernementale « tous vaccinés, tous protégés » incite à croire à cette illusion.
Depuis le début de l’été, à la demande du Ministère de la Santé et des Solidarités, la DREES compare le fichier des personnes vaccinées et celui des personnes malades pour savoir quel est l’état vaccinal des malades. Pendant l’été, le fichier résultat a été mis à jour toutes les semaines, puis il y a eu une interruption avant de reprendre avec une nouvelle méthodologie. Alors que cet été, tous les Français étaient pris en compte, aujourd’hui seuls ceux âgés de 20 ans ou plus sont pris en compte.
Que nous apprend la version qui a été publiée le 29 octobre 2021 ? Les résultats fournis concernent la période allant du 20 septembre au 17 octobre, soit 4 semaines. Il y avait pendant cette période, en moyenne, 43 016 698 personnes complètement vaccinées de 20 ans et plus et 6 120 592 personnes non vaccinées dans la même tranche d’âge. 2 128 458 tests ont été réalisés chez les vaccinés et 880 498 chez les non vaccinés. 41 220 tests étaient positifs chez les vaccinés et 32 994 chez les non vaccinés.
On peut en tirer différentes informations.
La population vaccinée représente 7,03 fois la population non vaccinée. Les tests réalisés sur la population vaccinée représentent 2,42 fois ceux réalisés sur la population non vaccinée. Cela signifie que la population vaccinée est beaucoup moins testée que la population non vaccinée (2,90 fois). Pour utiliser des termes plus habituels pour des épidémiologistes, le taux de dépistage hebdomadaire moyen est de 1 237 tests pour 100 000 personnes pour les vaccinés et de 3 596 tests pour 100 000 personnes pour les non-vaccinés. Or, on sait que moins on teste une population, moins on trouve de malades, surtout dans une maladie, comme le Covid-19, où les cas asymptomatiques sont majoritaires. Même Donald Trump avait compris cela !
Dans des cas où deux populations sont très inégalement testées, certains épidémiologistes considèrent que le taux de positivité des tests est plus représentatif de la réalité du niveau de la maladie que le taux d’incidence.
Dans notre cas, le taux de positivité des tests est de 1,937 % pour la population vaccinée et de 3,747 % pour la population non vaccinée. Il y a 1,93 fois plus de tests positifs dans la population non vaccinée que dans la population vaccinée. Cela signifie que le vaccin ne protégeait, pendant ces 4 semaines, que 48,2 % de la population vaccinée contre la maladie. En réalité, ce n’est pas le vaccin seul, mais une combinaison entre le vaccin et les différences de comportement entre vaccinés et non-vaccinés qui ne protégeaient que 48,2 % de la population vaccinée. Il convient aussi de tempérer ce chiffre en disant que la prise en compte du taux de positivité seul minimise le pourcentage de population protégé, alors que le taux d’incidence seul le maximise quand on a de grands écarts entre les taux de dépistage de deux populations. La vérité est quelque part entre les deux.
Il est aussi remarquable de constater qu’il y avait, pendant ces 4 semaines, plus de personnes officiellement malades, même sans prendre en compte les différences de taux de dépistage, dans la population vaccinée que dans la population non vaccinée (41 220 contre 32 994). Si vaccinés et non vaccinés contaminent autant de gens, on peut donc dire que la population vaccinée contribue plus à la propagation de la maladie que la population non vaccinée. Mais, mes interlocuteurs m’ont souvent rétorqué que les vaccinés propageaient beaucoup moins la maladie car ils auraient une charge virale bien plus faible.
J’ai trouvé peu d’études récentes sur le sujet des charges virales. Mais une, faite par l’Université d’Oxford, a attiré mon attention. Cette étude a été d’abord publiée en « preprint », c’est à dire sans vérification par un collège de spécialistes en août dernier, puis, récemment, le 14 octobre 2021, par Nature Medicine, après vérification des travaux par un collège de spécialistes. Intitulée « Effect of Delta variant on viral burden and vaccine effectiveness against new SARS-CoV-2 infections in the UK », elle ne concerne que des mesures faites au Royaume-Uni, mais je trouve peu de raisons pour que ses conclusions ne soient pas aussi valables de ce côté de la Manche.
Les auteurs y écrivent : « With B.1.617.2, infections occurring after two vaccinations had similar peak viral burden as those in unvaccinated individuals. ». Je me permets de traduire pour les lecteurs moins familiers avec la langue anglaise : Avec B.1.617.2 (l’autre nom du variant Delta), les infections ayant lieu après deux vaccinations ont un pic de charge viral similaire à celui des individus non vaccinés. Donc, si on se réfère à cette étude, les vaccinés ont une charge virale similaire à celle des non vaccinés, donc contaminent autant de monde. Si, parmi mes lecteurs, il en est qui connaissent d’autres études sérieuses qui infirment ou confirment ces propos, je suis preneur.
Bien sûr, vous pouvez trouver, sur internet, les publications de la DREES, ainsi que la publication de l’Université d’Oxford, si vous voulez vérifier la véracité de mes propos.
Pour laisser quelques lueurs d’espoir aux tenants de la vaccination comme seul moyen de protection, je dois dire que, par contre, il semble que les vaccins actuels protègent environ 90 % de la population vaccinée contre les formes graves de la maladie.
En conclusion, il semble que la vaccination soit très moyennement efficace pour lutter contre la propagation de cette maladie et qu’il soit souhaitable de compléter son effet par un meilleur respect des gestes barrières et en particulier du port correct du masque. Il me semble dommage d’obliger les enfants à porter un masque à l’école alors que d’une part leur risque d’avoir une forme grave de la maladie est minime et que d’autre part les adultes négligent de le faire correctement.
Yves-Luc Boullis
Je négocie actuellement une prestation et j’ai du mal à rencontrer mon interlocuteur. J’ai quand même réussi à le voir, voire le surprendre dans son atelier.
En fait, j’ai compris qu’il n’était pas vacciné contre la Covid-19, qu’il craignait d’être contaminé et qu’il s’isolait. Il faisait des apparitions très brèves dans son local; comme son associé d’ailleurs, tels des clandestins.
Dans nos discussions, je n’ai pas pu m’empêcher de dire que j’avais reçu ma troisième dose anti-Covid-19. Je me suis quand même abstenu d’ajouter que, deux semaines plus tard, j’avais reçu le vaccin contre la grippe.
« J’avais certainement des réponses à toutes mes questions » m’a-t-il laissé entendre.
Je n’ai pas pris cela comme un savon. En reprenant ma voiture, j’ai passé du gel sur mes mains et changé mon masque.
Nous devons nous revoir dans une semaine, Ils devraient en savoir plus sur leur santé. J’espère que la mienne se maintiendra.
« A chacun sa vérité » ?
Vous avez raison de remettre le Covid au centre de notre attention car l’épidémie contre laquelle nous luttons ne s’est pas éteinte et les médias oublient vite l’essentiel. La vaccination a permis de faire un pas en avant dans ce combat collectif. Le problème majeur vient de ceux qui refusent le vaccin, qui restent nombreux, ou ceux qui ne peuvent pas y accéder: les plus pauvres; car la mondialisation ne peut s’effacer et le virus n’a pas de frontières. Enfin il y a des réticences sur l’administration de la 3ème dose qui pourtant semble nécessaire.
Il faudra sans doute, comme vous le dites, revenir à d’autres mesures contraignantes comme le port du masque et les gestes barrières. Mais cela ne saurait minimiser l’importance pour tous de la vaccination et du passe sanitaire qui est un moindre mal; en attendant la vaccination obligatoire. Le vaccin ne résout pas tous les problèmes, il reste indispensable.
« Si vaccinés et non vaccinés contaminent autant de gens, on peut donc dire que la population vaccinée contribue plus à la propagation de la maladie que la population non vaccinée. »
Outre que ce qui suit le « si » n’est pas établi du tout, le « donc » est un bel exemple de logique fallacieuse… S’il y avait 100% de la population vaccinée vous pourriez même écrire que la population vaccinée contribue à 100% de la propagation.
« Avec B.1.617.2 (l’autre nom du variant Delta), les infections ayant lieu après deux vaccinations ont un pic de charge viral similaire à celui des individus non vaccinés. Donc, si on se réfère à cette étude, les vaccinés ont une charge virale similaire à celle des non vaccinés, donc contaminent autant de monde. »
Comme tous les spécialistes médicaux improvisés, vous interprétez les résultats de façon sauvage, en vous gardant bien de rapporter les nuances introduites par les auteurs même de l’étude :
« However, the degree to which this might translate into new infections is unclear; a greater percentage of virus may be non-viable in those vaccinated, and/or their viral loads may also decline faster as suggested by a recent study of patients hospitalised with Delta 31 […], leading to shorter periods “at risk” for onwards transmission »
—> « Toutefois, à quel degré cela se traduit par de nouvelles infections n’est pas établi; un pourcentage plus élevé de virus peut être non viable chez les vaccinés, et/ou leur charge virale pourrait décroitre plus rapidement comme le suggère une étude récente menée sur des patients hospitalisés avec le variant Delta […], conduisant à des durées « à risque » plus courtes pour les transmissions »
« Pour laisser quelques lueurs d’espoir aux tenants de la vaccination comme seul moyen de protection, je dois dire que, par contre, il semble que les vaccins actuels protègent environ 90 % de la population vaccinée contre les formes graves de la maladie. »
Et c’est bien tout ce qui compte au final. On est partis pour vivre avec le virus, car on ne s’en débarrassera probablement pas plus que celui de la grippe. Vivre sous masque ad vitam aeternam n’est pas un projet. On dispose de vaccins qui ne sont pas parfaits mais qui ramènent le risque à un niveau acceptable, à chacun de prendre ses responsabilités.
Je ne répondrai ici que sur la phrase que vous avez extrait de la publication faite par l’Université d’Oxford, d’abord sur le fond, puis sur la forme. Sur les autres points, je pense que tenter de vous convaincre serait aussi vain que de vouloir vider l’Atlantique avec une cuillère à moka.
En ce qui concerne le fond, la phrase que vous citez ne nuance pas leur propos qui est qu’il y a une charge virale similaire chez vaccinés et non vaccinés mais précise que leur étude peut apporter une réponse en ce qui concerne la quantité de virus produite par une infection des vaccinés, pas en ce qui concerne la « qualité » de ces mêmes virus.
En ce qui concerne la forme, la phrase que vous citez est extraite de la huitième page d’une publication qui compte 22 pages.
La phrase qui dit que la charge virale est similaire chez vaccinés et non-vaccinés est, elle, extraite du résumé de l’étude faite par les auteurs, en tout début de la publication.
Puisque vous n’êtes pas, comme moi, un des « spécialistes médicaux improvisés », mais un spécialiste patenté, vous savez sûrement que, dans le résumé fait en tête de publication, on indique les résultats novateurs et/ou importants de l’étude, d’après la vision qu’en ont les auteurs.
Or les auteurs ne parlent que de la charge virale similaire chez vaccinés et non-vaccinés et pas de leur ignorance en ce qui concerne la qualité de cette charge virale. Mais peut-être les spécialistes qui se cachent sous le pseudo de JPP ont-ils une meilleure vision de ce qui est important que les 18 co-auteurs de l’étude ?
Yves-Luc Boullis
Les auteurs d’un article scientifique mettent en effet les résultats les plus importants dans le résumé, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a aucune autre information intéressante dans le corps de l’article.
Mais le problème ici est bien votre interprétation sauvage du résumé, même sans aller lire le reste de l’article. Vous avez écrit :
« si on se réfère à cette étude, les vaccinés ont une charge virale similaire à celle des non vaccinés,… »
Jusque là pas de problème, c’est bien ce que l’étude dit. Mais vous poursuivez :
« …DONC contaminent autant de monde. »
Sauf que rien dans l’étude ne vous autorise à tirer cette conclusion, qui vous est propre. Les auteurs ont même pris la précaution de parer ce genre d’interprétation dans le passage que j’ai cité.
Vous avez le droit de reconnaître votre erreur. Quant à moi, ni improvisé ni patenté, je me contente ici de pas laisser dire ce que cette étude ne dit pas. On trouve malheureusement suffisamment de fausses informations visant à décourager ou discréter la vaccination pour ne pas avoir besoin d’en rajouter.