Lève-toi soleil !

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« Lève-toi soleil ! Fais pâlir les étoiles qui brillent au firmament! » Ce célèbre aria d’opéra a bien été perdu de vue au cours des débats récents qui ont opposé les réticents au déploiement des éoliennes en France aux opposants au nouveau développement du nucléaire. Je veux dire par là que d’autres voies existent pour fournir l’énergie dont nous avons besoin.

Comme il n’est pas de moyen de produire de l’énergie sans avoir à affronter des inconvénients, la voie la plus raisonnable serait sans doute de s’interroger sur le moyen de réduire cette consommation d’énergie qui progresse indéfiniment. Si vous avez eu l’occasion d’observer sur votre ordinateur le ballet incessant du trafic mondial de l’aviation civile, vous avez peut-être éprouvé un tournis. Et si vous avez pu voir sur votre écran les pollutions lumineuses de bien des zones du globe, vous vous interrogez peut-être sur le bien fondé d’éclairer a giorno tant de territoires. Mais si ce n’est pas le cas, il ne vous a pas échappé que notre organisation sociale fait que les engorgements des voies de circulation à certaines heures constituent un danger majeur pour notre environnement. Certes, réduire ce danger ne peut être obtenu par une pichenette ; mais n’est-il pas temps d’essayer ?

L’incantation au soleil évoquée plus haut ne saurait suffire. Certes, le soleil est au final la source d’énergie cruciale pour notre planète. Mais il est des ressources disponibles ou en devenir qui pourraient être explorées de manière plus intensive: l’énergie de la houle ou des courants marins, l’énergie hydroélectrique qui permet de remonter l’eau de réservoirs en altitude pendant les périodes de moindre consommation comme les nuits pour l’utiliser pendant les période de pointe.

Dans de nombreux pays, souvent peu développés, l’utilisation directe du rayonnement solaire peut être mise en route ou développée de façon drastique. L’Inde a commencé de façon spectaculaire ; il est vrai qu’elle part de loin avec ses centrales à charbon et qu’elle dispose de zones désertiques ou semi-désertiques. Le Moyen-Orient dispose à profusion de telles zones et il a beaucoup souffert de conflits larvés (comme le Liban) ou sanglants. N’est-il pas affligeant de constater que des familles de pays comme le Liban ou de Haïti sont privées d’alimentation électrique et d’alimentation tout court alors que la France a eu des responsabilités dans le passé dans ces pays et ne s’y est pas conduit de manière toujours exemplaire ? Mais c’est l’ensemble des pays de la planète qui devrait mettre au point un système de protection sociale à l’échelle du globe. Ce devrait être l’oeuvre du XXI ème siècle, comme le siècle précédent l’a fait pour la population des pays les plus avancés.

Prendre des engagements pour réduire à l’horizon de 2060 les émissions de CO2 et de méthane peut apparaître comme des rêves ou des promesses gratuites comme les projets de Pierrette et de son pot de lait si ces engagements ne sont pas accompagnés de prévisions d’étapes intermédiares plus rapprochées. Une personne lucide ne peut se laisser enfumer par de tels « engagements ».

Jean-Paul Penot

PS. J’aurais dû traiter des incitations que le gouvernement ou les régions accordent à l’installation de panneaux photovoltaïques. Mais la question n’est pas si claire : internet fait des annonces mirobolantes. Mais au delà de 70 ans il n’y a que le versement par EDF d’un versement de l’ordre de 200 euros par ans sur cinq ans, ce qui est beaucoup moins incitatif qu’un versement lors de l’installation. Pourtant l’installation restera utilisable. Avoir la préoccupation de la planète n’aurait donc aucune justification si l’on n’a pas soit même un intérêt direct ?

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6 commentaires

  • Concernant le Liban et Haiti, cessez d’accuser la France de tous les maux

  • Vous parlez de « l’énergie de la houle ». En 1910, à Royan il y a eu le premier appareil utilisant la houle pour produire de l’énergie.
    Pendant la Cop 26, il a été annoncé que l’utilisation de l’internet dans son ensemble produisait plus de Co2 que l’aviation. L’aviation ne fonctionne en 2021 qu’à 50% de ses capacités d’avant crise.
    Il est nécessaire de rappeler que la perte de réseau par effet joule lors du transport de l’électricité est de 50% tous les 1500 km. En France cette perte est équivalente à la production d’un générateur comme celui de golfech qui en compte deux.
    Dans mon quartier, ça fait deux ans qu’il n’y a plus d’éclairage, et je ne m’en porte pas plus mal. Le spectacle du ciel étoilé est somptueux à chaque fois que je sors. Les économies sont : 5 lampes à 150w x 8h x 365jours x 0,15€
    Une autre aberration de taille. Les cabines d’ascenseurs sont éclairées en continu 24h/24. Il y a 550 000 ascenseurs en France. Faites de calcul.

    • Ces exemples prouvent qu’ avec un peu de logique et d’ engagement citoyen cela permettrait de faire beaucoup
      d’ économies dans bien des domaines, sans pour autant tomber dans le travers d’ une décroissance rigoriste.
      Si tout le monde adhérait volontairement à la limitation de vitesse de 80 km/ h sur route et 120 sur autoroute,
      les consommations de carburant et de pièces détachées d’ usure diminueraient de 20% très rapidement.
      Mais malheureusement cela ne va pas dans les sens des lobbies professionnels. Alors continuons gaiement d’ aller dans le mur en klaxonnant …….

    • Entièrement d’accord.
       » Le spectacle du ciel étoilé est somptueux à chaque fois que je sors. »
      C’est merveilleux aussi pour les migrateurs.

      « Une autre aberration de taille. Les cabines d’ascenseurs sont éclairées en continu 24h/24 »

      Et s’il y avait que les cabines d’ascenseur qui restaient allumées toute la nuit! La liste des exemples serait longue.

      Cerise sur le gâteau, en cette période festive la ville et le commerce illuminent pour vendre, sans ce soucier que cet afflux de clientèle favorise la transmission d’un certain virus mais le problème n’est pas pour nous car on est les meilleurs à l’hôpital.

  • Pour rejoindre votre excellente chronique, je vous invite à lire le livre L’ ENFER NUMÉRIQUE- Voyage au bout d’ un like de Guillaume Pitron- Edition: Les Liens Qui Libèrent. Vous y découvrirez que malgré les belles paroles de nos dirigeants on n’ a pas fini de brûler du charbon pour le numérique dans les prochaines décennies.

    • Conseil judicieux ; j’ai lu cet ouvrage et d’autres d’ailleurs sur le sujet.
      A côté de l’empreinte carbone et la production de GES , Il est également nécessaire d’élargir la question de l’empreinte environnementale du numérique à l’ensemble du cycle de vie des réseaux, des équipements et des terminaux en adoptant une approche multicritères (terres rares, eau, énergie primaire…) mais également leur durée de vie et les conditions de leur recyclage.
      Le numérique a cependant des conséquences négatives sur notre capacité d’attention, notamment celle des plus jeunes : 73 % des parents jugent ainsi que les outils numériques dispersent l’attention de leurs enfants et réduit leur capacité à se concentrer. Les parents d’élèves sont même 87 % à souhaiter que l’accès au réseau soit coupé dans les écoles pendant les heures de cours.
      Ne parlons pas de la capacité intellectuelle et des connaissances nécessaires pour trier le bon du mauvais ainsi que du harcèlement allant parfois jusqu’au pire!
      etc, etc.

      L’énergie hydraulique évoquée dans le texte, est à consommer avec une intelligence écologique car de nombreux barrages font disparaître des espèces, unionidae entre autres, soit du fait des variations des niveaux de l’eau, des changements de dynamique, soit des variations de turbidité soit, pour la faune piscicole migratrice les obstacles à la remontée, même si certains barrages sont équipés.
      L’alternance des niveaux de l’eau en amont des barrages, quand on accumule ou qu’on libère perturbe la faune qui est adaptée soit à une eau claire soit à une eau plus ou moins vaseuse.
      Remontée vers les réservoirs d’altitude le jour, descente la nuit: pas terrible pour la biodiversité!
      On pourrait aussi évoquer l’impact des grands lacs d’amont; ils changent l’atmosphère périphérique, du fait de l’évaporation; l’air humide modifie la faune et la flore dans un rayon plus ou moins important suivant le climat ambiant.