Renée Mourgues, journaliste béarnaise

Renée Mourgues, journaliste en retraite à Pyrénées presse, La République des Pyrénées et l’Éclair, revient sur ses rencontres durant plus de quatre décennies d’exercice de sa profession. Ce livre paru en octobre de cette année porte le titre : « De Louison Bobet à Evo Morales » (Editions Gascogne – 203 pages – 18 €). Y sont évoquées des rencontres aussi éclectiques que les activités des personnages rencontrés.
Attention ce ne sont pas là des biographies, mais le travail professionnel d’une journaliste qui a eu la chance de rencontrer et d’échanger avec de nombreuses personnalités. La rigueur journalistique est toujours présente. Elle rend compte et décrit le personnage et elle ne se laisse pas aller à exprimer ses propres sentiments. Qu’y a-t-il de commun entre Louison Bobet et Pierre Bourdieu, entre sœur Emmanuelle et Cabu ? Sauf à dire qu’il se sont retrouvés à un moment ou à un autre, pour des raisons différentes, dans la zone de compétence de la journaliste Renée Mourgues, le Béarn principalement et plus largement le département. Toutes ces femmes et ces hommes sont passés occasionnellement et pour les raisons les plus diverses dans notre région.
Le charme de ce livre repose sans aucun doute sur la diversité de ces rencontres. Elles sont au nombre de trente et sont classées en fonction des activités des différentes figures. On y trouve celles des arts et du sport, des écrivains et penseurs, des militants de la recherche et des sciences, des talents éclectiques et enfin des consciences religieuses ou politiques. Seul Evo Morales appartient à cette catégorie des politiques. Dans son avant-propos Renée Mourgues s’explique sur ce choix : « Je donne par ailleurs peu d’écho aux célébrités du monde politique – y compris les figures béarnaises d’envergure nationale, cela ne doit guère à l’indifférence ou à la lâcheté. Seulement l’expérience m’a depuis longtemps appris que le corset de l’incarnation idéologique, les contraintes de la représentation publique, les enjeux de mandats brigués ou assumés et la crainte obsessionnelle d’alimenter toute fâcheuse polémique agissaient, dans la plupart des cas, comme autant de frein à la spontanéité du verbe mise à mal par d’inévitables jeux de rôle et éléments de langage. » Comme cela est bien dit et particulièrement vrai.
Allez, un extrait de ce que dit l’une des figures de ce livre Michel Maffrand alias Joan de Nadau ; « Nul n’a à condamner les autres au nom d’une appartenance. C’est réducteur et catastrophique. Nadau voyage dans toute l’Occitanie et arrive à dépasser les clivages. Moi, je suis solidaire des gens d’ici, de Montpellier ou d’ailleurs. Je ne supporte pas les leçons de ceux qui qui ne se bougent pas pour leur culture. Je rends hommage à ceux qui travaillent et transmettent. Pour ma part je parle occitan à mes quatre petits-enfants. Ceci dit, les querelles prouvent que c’est vivant. Après tout on a le droit absolu de se sentir ceci ou cela mais en fichant la paix aux autres. On a autre chose à faire qu’à exclure ».
Une belle leçon de tolérance de la même manière que l’est ce livre qui écoute et rapporte les avis les plus divers. On peut beaucoup apprendre, grâce à Renée Mourgues qui nous permet de rencontrer ces femmes et ces hommes d’exception.
Pau, 22 novembre 2021
par Joël Braud
NB Le 2 décembre 2019, j’avais publié un article intitulé « La nostalgie de Renée Mourgues » à l’occasion de son précédent ouvrage « L’âge d’or des palaces de Pau ». En raison d’une panne de notre serveur, cet article ne peut être retrouvé dans les archives du site d’Alternatives Pyrénées. Je renouvellerai donc cette publication la semaine prochaine.