L’impératif de la vaccination

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Nous vivons dans une époque de futilité. Un événement pousse l’autre et les médias ont conceptualisé cette pratique qu’ils nomment « la rotation de l’information ». Ainsi un polémiste d’extrême droite est le centre de toutes les attentions, puis lui succède une jeune fille, nouvelle Jeanne d’Arc de la décroissance, tout cela remplacé par les remords de l’Eglise catholique… (dans le désordre). Ainsi s’enchaîne la succession des épisodes d’une actualité vue comme un feuilleton aux rebondissements croustillants qui font vendre. La réalité devient fiction ; c’est ce que les communicants nomment le « story telling ». Il faut, vont jusqu’à dire certains d’entre eux, s’inspirer des séries télévisées et de netflix pour conduire l’action politique…

La réalité pourtant, d’une manière ou d’une autre, prend toujours le pas sur la fiction. Elle s’impose à l’être humain. Celle du virus n’aurait pas dû abandonner nos préoccupations ni la une de nos journaux, car selon le bon vieux proverbe populaire « une hirondelle ne fait pas le printemps ». Une épidémie reste une épidémie et tant qu’elle n’a pas disparue, elle demeure une menace potentielle.

Il ne s’agit pas ici de rentrer dans des interprétations scientifiques ; ces spéculations nous dépassent. Laissons-les aux professionnels et reconnaissons humblement que nos connaissances sont limitées devant la complexité de l’affaire. Une guerre a-t-on dit dans une sorte de scepticisme général, c’est un mot qui s’avère en définitive adapté à la situation puisqu’on évoque le chiffre de six millions de morts dus au Covid. Un nombre sous-estimé car on sait que dans beaucoup de pays ils ne correspondent pas à la réalité.

Face à une cinquième vague plus violente encore que les précédentes, on voit que des pays nordiques, l’Autriche, les Pays-Bas et bientôt l’Allemagne, imposent des mesures drastiques à leurs populations ; mesures qui sont largement comprises et acceptées malgré quelques îlots de résistance. Les médias français en font leurs choux gras : mais qu’est-ce que 30 000 manifestants à Vienne ? Dans des pays où les gouvernements tiennent leur légitimité du suffrage universel, ces potions amères semblent largement suivies et acceptées.

L’Allemagne, pilier européen, où la culture du dialogue social prévaut, va elle aussi dans la direction d’un durcissement. Une première question se pose alors : comment l’Europe est-elle incapable de coordonner une politique de réplique à une agression virale aussi virulente ? Le virus n’a pas de frontières… et c’est l’Europe le foyer principal de cette cinquième vague. On nous dira que la santé n’est pas dans les compétences de Bruxelles. Mais que pèse une Union dont les réponses à une menace sanitaire, potentiellement destructrice de l’édifice lui-même, sont aussi diverses ? Une politique commune dans le traitement même de l’épidémie serait une avancée formidable sur la voie du resserrement de nos liens.

Le plus triste c’est que nous avons la solution pour bloquer cette avancée mortifère du virus : le vaccin. La résistance d’un carré d’indécrottables empêche, pour ce qui est de la France du moins, d’atteindre cette immunité globale qui nous mettrait hors de péril. Ne soyons pas dans le déni : Ce rejet est inacceptable car il n’y a pas de bonnes raisons à ce refus obstiné. Le vaccin mettrait nos libertés en danger ? Mais le permis de conduire aussi. Les caméras qui surveillent les lieux publics et limitent les incivilités également et que dire de nos banques qui gèrent notre argent ? Des interdictions de fumer ? De l’’obligation de mettre la ceinture en voiture ? Etc… C’est à une contestation globale de notre société que les antivax travaillent.

La gratuité des tests PCR demandée désormais par des gens aussi divergents par ailleurs que Barnier, Mélenchon ou Le Pen serait une concession supplémentaire aux antivax. Nombre d’entre eux envisagent la solution du test régulier à la place du vaccin. Le test a un coût. Faut-il faire supporter ce coût par les vaccinés, comme les soins administrés aux nombreux antivax qui attrapent le Covid ? C’est une injustice qui n’aura d’autres résultats que de gagner quelques voix. La cajolerie, la gentillesse n’auront pas raison de l’égoïsme d’une partie non négligeable de notre population. A-t-elle conscience de mettre en danger l’ensemble de la société ? Quels seraient les effets médicaux, psychologiques et économiques, du nouveau confinement qui nous pend au nez si les récalcitrants ne s’exécutent pas ? N’est-il pas temps de prendre des mesures plus radicales pour l’éviter : rendre la vaccination obligatoire comme elle le sera bientôt en Autriche ? Systématiser le passe-sanitaire -bien accepté dans l’ensemble- en en faisant une mesure coercitive et globale imposée dans tous les commerces par exemple et plus largement dans tous les lieux publics ?

 De même en Guadeloupe, si une majorité de locaux se dégage contre le vaccin et le  passesanitaire et souhaite ainsi rompre avec la France -ce qui peut s’entendre-, pourquoi ne pas accéder à ses désirs ? Dans ces îles lointaines, la prévalence de la Métropole et de ses règles se justifie-t-elle encore ? On voit bien que nous ne sommes pas, avec cette population, sur la même longueur d’ondes. Ne faut-il pas en tirer les conclusions comme Michel Rocard l’avait fait en son temps avec la Nouvelle Calédonie ?

Face à la menace terrible qui grossit -celle d’un un nouveau confinement-, prendre des mesures contraignantes envers les réticents s’impose. Pas de démagogie. La main des gouvernants ne doit pas trembler car il s’agit de l’intérêt collectif. Les considérations politiciennes ne peuvent pas intervenir dans ces choix. Les élections présidentielles approchent. Elles compliquent la donne mais ne devraient pas être une préoccupation essentielle. Une minorité aux comportements insensés ne peut pas mettre en danger l’ensemble de la société.

Pierre Michel Vidal

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7 commentaires

  • Va falloir user pendant longtemps, d’arguments (si c’est possible…), pour convaincre certaines personnes :

    Lire l’article « Vaccins : 230 participants à la marche blanche à Pau » : par S.L., publié le 26 novembre 2021
    Source : site web du journal « La République des Pyrénées » (Grève et manifestations)
    Nota : lire aussi en page 5 de l’édition du samedi 27 novembre 2021.

    Chapeau de l’article : « La manifestation, déclarée, visait à rendre hommage aux « victimes des injections » »
    URL : https://www.larepubliquedespyrenees.fr/societe/greve-et-manifestations/vaccins-230-participants-a-la-marche-blanche-a-pau-7136522.php

    Courts extraits qui pourraient se passer de commentaires, mais cela reste très difficile… :
    « Des « die in » ponctuent la marche en plusieurs endroits du parcours.
    Des « avis de décès » avec « des photos fournies par les familles » sont brandis.
    « Quand c’est nouveau, ce n’est pas un vaccin, c’est un test, une expérience », explique un manifestant. Convaincu.
    Personne ne le fera changer d’avis. »

    J’ose les commentaires suivants :
    . Ce n’est pas nouveau… hélas…
    . Coucou les allumés ou : « ah oui, ils sont graves »…
    . Le Gouvernement français, aurait dû rendre le vaccin obligatoire dès le départ, on n’en serait (peut-être) pas là… (?!?)

    J’arrête là, ce que certains considéreront comme une provocation et même, des… élucubrations !!! 😉 😉 😉

  • Bien d’accord, juste un gros bémol:
    « Le plus triste c’est que nous avons la solution pour bloquer cette avancée mortifère du virus : le vaccin ».

    Si tous les Français étaient vaccinés cela n’arrêterait pas le virus.
    Tant que le dernier « malaisien »! ne sera pas vacciné, le virus mutera et nous reviendra.

    Les pays riches doivent déverser des millions et des millions de vaccins gratuits dans le monde, mais il est indispensable de ne pas oublier que le problème est politique avant tout.

    Les échanges mondiaux de plus en plus rapides, fréquents( combien d’avions circulent dans le monde chaque jour?), de personnes et de biens, soit pour des affaires, le commerce, les guerres,.. .les migrations climatiques, politiques ou liées à la famine.. sont la source de la dispersion rapide du virus.
    N’oublions pas non plus cette politique qui consiste à multiplier la pauvreté, ghetto de prolifération incontrôlée, que l’on ne cherche pas à éliminer car ce sont les plus fortunés qui dirigent et qui l’ont provoquée.
    Les atteintes des pays riches ne seraient-t-elles pas, malheureusement, un retour de bâton, une justice, une morale?

    Non, non, le vaccin n’est pas la solution; on n’arrive jamais à résoudre un problème en le séparant de son contexte, cette dernière est complexe et doit être abordée d’une manière globale!

    • Pierre-Michel Vidal

      « Les atteintes des pays riches ne seraient-t-elles pas, malheureusement, un retour de bâton, une justice, une morale? »
      On ne devrait jamais se réjouir du malheur des uns. En réalité, il n’y a pas de vengeance divine ou autre; ni « justice », ni « morale » dans une pandémie qui avec sa propre logique interne accable aveuglément le monde entier et pas seulement « les pays riches ». Les pauvres eux aussi sont touchés mais on en parle (trop) peu.

      • « On ne devrait jamais se réjouir du malheur des uns »

        « Les atteintes des pays riches ne seraient-t-elles pas, malheureusement, »

        Je ne m’en réjouis pas, je constate que l’atteinte de tous, riches et pauvres, est nouveau; c’est quand même plus juste.

        « Les pauvres eux aussi sont touchés mais on en parle (trop) peu. »`

        C’est pire que cela; au contraire, on nous répète à chaque bulletin, les malheurs des migrants, les drames liés aux guerres, des resto du cœur qui sont à la limite inférieure de leurs possibilités et à l’afflux de plus en plus important, des jeunes, et des autres aussi.
        C’est bon pour développer l’émotion, on s’apitoie , et on en reste là, tout au moins au niveau des instances politiques; y remédier est impossible à cause du PIB!

        Heureusement, il y a ceux qui se dévouent dans l’ombre, les associations et tous ces bénévoles qui s’efforcent de diminuer le plus possible les souffrances.
        Beaucoup devraient en rougir!

        • Cruelle illustration!`

          « Étudiant handicapé dans la précarité à Pau : « Tout ça pour faire des économies… », déplore la Défenseure des droits » Sud Ouest 26 novembre.

        • Pierre-Michel Vidal

          Mais M. Vallet vous m’avez bien compris on évoque ici le Covid. Il me semble que cette maladie touche pauvres et riches indistinctement (cf. l’Afrique du sud). Croyez-vous que « Les malheurs des migrants » « les guerres », « les restos du cœur « , « c’est bon pour développer l’émotion ». Non ce sont bien des réalités et pas des inventions médiatiques.

          • « Il me semble que cette maladie touche pauvres et riches indistinctement »

            Oui, c’est ce que je disais!

            « Croyez-vous que « Les malheurs des migrants » « les guerres », « les restos du cœur « c’est bon pour développer l’émotion ». Non ce sont bien des réalités et pas des inventions médiatiques. »

            Vous savez très bien que les médias font tout pour cultiver l’émotion; c’est sans arrêt sur les bulletins, les journaux…
            Ce sont des réalités, ce ne sont pas des inventions, c’est vrai, mais le fait de le répéter sans arrêt, partout, en s’étendant sur le nombre de morts, de malades, de jeunes en dépression, de désastres…, la perception se banalise.
            Il y aurait d’autres manières plus dignes, plus respectueuses, plus sobres, plus objectives, de le faire savoir.., ce devrait être le rôle des journalistes, mais voilà , on vendrait moins car, on le constate, depuis des siècles, le public est attiré par le morbide, la souffrance; les exécutions attiraient des foules, les curieux s’amassent pour voir les accidents jusqu’à en gêner les sauveteurs, d’autres vont voir les camps de concentration, les restes calcinés des forêts, les maisons écroulées, les désastres après les inondations….
            Tristes réactions humaines dont profitent une autre réalité, le pouvoir de l’argent!