« La ronde des jurons »

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Il y a beaucoup de choses intéressantes écrites sur ce site, la preuve : les lecteurs sont là! (cf. article de J. Braud https://alternatives-pyrenees.com/2022/01/03/voeux-2022-appel-a-cotisation/. ) L’essentiel reste néanmoins la pandémie. Non seulement pour ses conséquences sanitaires, économiques ou sociales mais aussi par ce qu’elle révèle de notre société et des individus qui la gèrent ou qui contestent cette gestion – ce qui est leur droit et même leur boulot.

Il y a une certitude : la proximité des élections présidentielles, capitale dans le système vertical imposé par la constitution de la Vème république qui assure une certaine stabilité certes mais qui étend le « régalien » à des secteurs de plus en plus larges avec désormais le sanitaire géré directement par le président assisté d’une poignée de spécialistes réunis en conseil qui prennent des décisions qu’il est difficile de contester mais qui n’ont aucune légitimité démocratique.

Ainsi, dans une situation qui se révèle selon certains spécialistes des épidémies, comme la plus dangereuse que l’humanité ait connue, en raison de la proximité de ces élections cruciales, aucune unité politique nationale n’est possible, comme elle le fut en 1945 par exemple où un pacte liait tous les courants qui avaient lutté contre le nazisme : de la droite conservatrice aux communistes. Preuve qu’ils pouvaient travailler ensemble dans des circonstances périlleuses pour la Nation.

Ces divisions, ces chamailleries puériles ont de graves conséquences dans la population. Nous avons le record du monde de la contestation ; ce qui n’est pas glorieux. Ainsi voit-on, à l’Assemblée Nationale, élus LFI et LR joindre leurs acclamations pour avoir fait trébucher le gouvernement et retarder de quelques jours l’application de mesures importantes. Ainsi voyons-nous aussi une candidate qui prétend rassembler la gauche sans jamais s’être prononcée en faveur du vaccin ni du passe vaccinal. Tout cela instille le doute et conforte l’ultime cohorte des antivax qui reste fournie et déterminée, dont, en bout de course, nous dépendons tous. Ainsi un de mes proches vient de décéder car les respirateurs étaient réservés aux plus jeunes -vaccinés ou pas.

Cet égoïsme des irréductibles il faut bien le nommer et effectivement il nous emmerde comme l’a dit sans fard le président Macron il y a quelques jours. Faut-il s’offusquer de la brutalité d’un langage qui, pour certains, ne sied pas à un président de la république ? Peut-être, mais on ne peut pas toujours mettre la poussière sous le tapis : un grand nettoyage, dit de printemps, s’impose de temps en temps. Il faut retourner les tapis, pousser les tables et passer l’aspirateur ce n’est pas marrant, d’autant que nous vivons sous le régime du partage des tâches ménagères, mais c’est nécessaire. Appelons un chat un chat et nommons-le dans un langage intelligible par tous.

C’est vrai, et je le dis à mes futurs contradicteurs, que ce style ne me convient guère. Ce n’est pas comme cela que je vois un Président héritier du général de Gaulle mais n’est-ce pas la meilleure manière de s’adresser à ces réfractaires irréductibles ? Les photos complaisantes d’un président chevauchant un scooter des mers ou en compagnie d’un boy band, ses interventions sur les réseaux sociaux choquent. Mais nous avons choisi un président jeune et par conséquent bien placé pour s’adresser à cette jeunesse un peu pommé qui se sent exclue de notre société et victime du traitement autoritaire de la pandémie. Une jeunesse qui se voit, pour une part, invincible, qui a ses valeurs qui nous sont imperméables et son langage qui parfois nous déplait.

Avantage générationnel, Macron a saisi tout cela, et malgré son manque d’empathie pour les autres, il a décidé de faire voler en éclat les tabous, pour son intérêt particulier -campagne électorale exige-, c’est vrai, mais aussi pour faire passer un message qui concerne l’ensemble de la société : l’impératif vaccinal ! On a vu d’ailleurs que dans les jours qui ont suivi cette violente apostrophe, le nombre des primo-injections a augmenté nettement. Cela voudrait-il  dire qu’au langage présidentiel châtié auquel nous étions habitués, il vaut mieux désormais une injonction brutale (et vulgaire) pour être compris de tous ?

Car comme le disait jadis Georges Brassens dans « La ronde des Jurons »

« Quelle pitié !
Les charretiers
Ont un langage châtié !
Les harengères

Et les mégères
Ne parlent plus à la légère ! »

PierreMichel Vidal   

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Un commentaire

  • Faut-il s’offusquer de la brutalité d’un langage qui, pour certains, ne sied pas à un président de la république ? Peut-être, mais on ne peut pas toujours mettre la poussière sous le tapis : ……..

    Dommage pour nous que notre Président n’ ait pas connu les subtilités du  » hilh de pute » sûrement que les polémiques auraient été tout autre et bien plus subtiles. Dommage que notre Président n’ ait pas été porteur du béret, ainsi on aurait pu profiter du langage du port du béret, tout aussi subtil. On aurait sûrement pu profiter des commentaires de Jean Lassalle qui semble bien silencieux sur cette affaire, comme d’ ailleurs sur tant d’ autres. Malheureusement pour nous notre Président a préféré faire le choix d’ un mot plus que terre à terre en pareille circonstance ce qui dénote son manque flagrant de diplomatie. Bien mauvais présage pour sa présidence Européenne.