Le « sapin en verre et métal » de Bordeaux : une autre contradiction à la problématique climatique !

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Les sapins de NOËL ont été exclus des cœurs de nos cités pour les fêtes de Noël. A Bordeaux, il a été remplacé par un « sapin écolo durable » de onze mètres de haut, cinq mètres de diamètre, de deux tonnes de verre et d’acier recyclé, implanté sur un socle de béton. L’ossature est en acier, soudé par des appareils fonctionnant avec de l’électricité à 85% nucléaire, acier qui vient peut-être de Chine à 13 000 km, transporté par les trains de la « nouvelle route de la soie« , fabriqué au coût carbone de 1 100 gr de Co2/kwh, auquel il faut rajouter, pour l’inox, du chrome sans compter je ne sais quels autres matériaux…

Pour le verre, il aura fallu de la soude, du sable à raison de 700 grammes de sable/kg de verre et… de l’énergie électrique. Pour la coloration du verre décoratif il aura fallu de l’oxyde de plomb, des particules d’oxyde de fer ou d’oxyde de cuivre pour une vraie teinte verte, du souffre et autres mélanges pour les teintes ambrées, jaune, marron et autres couleurs.

Ce « sapin«  ne sera certainement pas fabriqué avec des verres de pare-brise ou de panneaux photovoltaïques difficilement recyclables. Panneaux photovoltaïques qui commencent à se retrouver, une nouvelle fois, en Afrique comme nos voitures, nos ordinateurs, nos télévisions, nos vêtements etc…

Encore une fois, le choix s’est porté sur le coût, comme toujours.

Le discours ne change pas ! Toujours accro au moins-disant financier !

Toujours la politique tant décriée du « quoiqu’il en coûte » et du « pognon de dingue » ?

Où est le moins-disant carbone ?

Où sont les respects des accords de Paris de la Cop 21 ?

Est-ce vraiment écologique tout ça ?

Quel paradoxe pour ces sapins de 15 à 20 ans d’âge, absorbeurs de carbone et d’eau tout le long de leur vie, réservoir d’insectes et de bio diversité. Ils reçoivent pour ces fêtes les honneurs de la Cité, décorés et illuminés de mille feux, embaumant les lieux du parfum résiné de la forêt. Après ces hommages, ils sont transformés en papier pour nos journaux, nos écrits, dessins d’enfant, cartes postales, papier d’emballage et de courses, charpentes, cartons pour le E-commerce etc… sans oublier toutes les aiguilles et petites branches qui feront du compost.

Quelle très belle fin pour alimenter le cycle de la vie.

Non Monsieur le Maire de Bordeaux, le sapin n’est pas mort !

N’utilisez-vous pas ce sapin dans la vie de tous les jours ?

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (Antoine Lavoisier).

Ce « sapin en verre et inox«  sera installé chaque année avec mise à jour des décorations lumineuses. Chaque année…! ça sera un ballet d’engins de manutention, de levage et de transport, sans oublier la mise en réserve pendant tout le reste de l’année dans un lieu approprié avec gardiennage, il n’absorbera pas de Co2 comme son vrai sapin.

Le dallage devant la Cathédrale résistera-t-il aux lourds engins de levage ?

Rappelons que pour la réalisation de ce « sapin de verre et d’acier » la consommation d’eau est de :

  • 35m3/tonne de ciment produit sans compter le sable et cailloux pour la réalisation du socle en béton,
  • 300 à 600 m3 d’eau par tonne d’acier,
  • Sans compter les 11 000 litres d’eau des pantalons en jeans importés d’Asie pour les ouvriers,
  • 60 à 400 m3 d’eau par tonne de carton etc…etc…

Et pour l’énergie à dépenser :

  • 105 kilos de fioul ou 1 460kwh par tonne de verre soit 510 kg de CO2,
  • 60 000kwh par tonne d’acier, 140 000kwh pour le cuivre, 180 000 kwh pour le zinc ou 190 000 pour l’aluminium.

Heureusement que nous avons de l’électricité à bas niveau carbone en mix énergétique.

Un raisonnement pas très éco logique, et pour quelle sobriété et exemplarité !

Ce « sapin de verre et d’acier » n’aurait-il pas mérité quelques décorations de Noël du genre : canettes, bouteilles en plastique, emballages Mac’do, etc… tout ce que l’on peut trouver sur la voie publique, aux bords de nos routes, rivières et gaves, devenus au fil du temps les poubelles de notre société de consommation du tout jetable.

A Pau le 12 janvier 2022

Par PéCé

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9 commentaires

  • Je ne pensais pas que dans ces réflexions on ferait référence à Staline (le pire de tous avec Hitler)

  • Après les hommages des fêtes aux sapins de Noël, je doute que les grumes soient transformées en pièce de charpente et même en pâte à papier ou que les aiguilles et les petites branches soient vraiment acceptables dans les composts.
    Le terme le plus vraisemblable est une décharge ou un incinérateur.

    Je constate aussi que ce sapin de Noël est comme un arbre qui cache la forêt. Derrière lui, certains y voient Hitler, Staline ou autre despote chinois.
    Cela me laisse perplexe.

    Le problème des décharges dont le contenu file vers l’océan et que vous décrivez dans un autre article est certainement beaucoup plus important.

    Cette histoire de sapin me semble une illustration des limites de la logique fin du mois, fin du monde.

  • Je vous lis de temps en temps, sans jamais intervenir. Mais là quand même… Quelle aigreur envers des gens qui veulent juste faire différemment de d’habitude ! Et quel article à charge ! Allant même jusqu’à compter les « pantalons en jean des ouvriers », j’avoue que c’est la première fois que je lis ça… Ce n’est pas sérieux. Car dites-moi, les forestiers qui plantent, entretiennent, et coupent les sapins de Noël le font-ils nus comme des vers ?

    De même pour le « ballet d’engins de manutention, de levage et de transport » pour mettre en place le sapin métallique : la mise en place du sapin coupé habituellement ne nécessitait-elle pas le même ballet ? Et ce sapin coupé, comment venait-il de sa forêt, sinon par camion ? Combien de diesel et de CO2 si on veut vraiment tout compter ?

    Cette initiative est symbolique, et a au moins le mérite de pousser à réfléchir à cette pratique du sapin de Noël devenue un enjeu commercial. Tous les ans (rien que pour la France) des millions de petits sapins coupés aux environs de 10 ans (ils n’ont pas fixé beaucoup de carbone à cet âge !), transportés sur des centaines de km (30% des sapins vendus sont importés), utilisés 3 semaines, puis jetés : n’est-on pas là en plein dans les travers de cette société de consommation que vous évoquez en fin d’article ? Il faudrait également parler des pesticides largement utilisés dans ces monocultures intensives de sapins (et qui n’ont rien à voir avec des forêts).

    • A Monsieur Luc LB,
      « Quelle aigreur envers des gens qui veulent juste faire différemment de d’habitude !  »

      Je ne trouve pas ce projet très recherché si je tiens compte des objectifs à respecter de l’accord de Paris de la COP 21 du 12 décembre 2015 qui étaient de limiter le réchauffement climatique à un niveau inférieur à 2, de préférence à 1,5 degré Celsius par rapport au niveau préindustriel.

      En effet, créer un sapin de  » verre et de métal » bien que soi-disant recyclé, émet des gaz à effet de serre.
      Pour le verre recyclé, l’économie est de 40% d’énergie par rapport à la première fabrication de verre. Bien que nous soyons passés en France de 40% de verre recyclé en 1995 à 80% en 2021, l’émission est de 345 gr de Co2/tonne contre 510 pour du verre de première fonte.
      Quant à la structure inox dite recyclée, j’ai des doutes, car pour faire une structure de 11 mètres de haut, il faut des longueurs et dimensions bien précises, et en recyclerie c’est assez difficile à trouver.

      Ce projet ne durera que l’instant d’un mandat. Qu’adviendra-t-il en cas de changement de municipalité ?

      Un appel à idées national et international aurait pu être proposé mêlant sobriété financière et respect des accords de Paris de la Cop 21 avec pour thème : créer un sapin en réutilisant tout ce que l’on trouve dans les déchèteries.
      L’expérience aurait pu être tentée.
      Nous aurions pu être assez surpris du résultat par nos concitoyens qui ne manquent pas d’imagination.

      Une municipalité tenterait-elle le pari ?

      Les exemples d’artistes africains comme A Zongo, I Kienou, N. Compaoré sur ce principe de recycler qui ont déjà réalisé et présenté en France des œuvres sont tout à fait remarquables .

      Être riche c’est posséder ce qui ne sert à rien. Non ?

  • Pierre-Michel Vidal

    Bravo pour cet article argumenté qui appelle un chat un chat bien qu’il soit non politiquement correct.

    Pour ce qui est des traditions, on a vu par le passé le résultat de ceux qui voulaient les éradiquer ou les transformer à leur guise. C’est par exemple au nom de la lutte contre les traditions (passéistes bien sur) que le gouvernement chinois persécute les minorités religieuses comme les Oïghours ou les Tibétains. Ce fut aussi le cas du régime de Staline qui voulait « un homme nouveau » ou d’Hitler « un chef, un peuple ». L’homme ne se développe pas hors sol, il a besoin de racines. « Du passé faisons table rase »: on a vu à quel désastre cela a conduit ceux qui y croyaient sincèrement.

    • « au nom de la lutte contre les traditions (passéistes bien sur) que le gouvernement chinois persécute les minorités religieuses comme les Oïghours ou les Tibétains. »

      Ne serait-ce pas plutôt d’ordre politique, confessionnel, économique que traditionnel; les ouïgours sont musulmans et turcophones, les tibétains bouddhistes.
      C’est une rivalité religieuse, politique et économique; notre histoire est marquée par des situations semblables de rivalités sanguinaires entre et au sein des religions pourtant traditionalistes(guerre de religions).
      Actuellement le monde islamique dont on ne peut pas imaginer son manque de traditions est confronté à des atrocités que chacun connaît , vis-à-vis des femmes entre autres, des différentes tendances, et des non musulmans.
      En fait ce n’est même peut-être pas religieux mais la recherche d’une domination, d’un pouvoir politique, économique..

      Marx, Lénine, Staline ne s’élevèrent pas contre les traditions mais contre un régime capitaliste inégalitaire.

      La montée de l’hitlérisme a de nombreuses causes et en aucun cas liées à un manque de tradition. Il est intéressant de lire
      « Quelques réflexions sur les origines de l’hitlérisme » par Simone Weil. Elle perçoit un ensemble de mécanismes dont elle souligne les enchevêtrements, la complexité……et pas un manque de traditions dont l’Allemagne de manquait pas.

      « L’homme ne se développe pas hors sol, il a besoin de racines »
      Des racines, les historiens s’emploient à les rechercher . Au fur et à mesure des avancées, elles se dévoilent et elles sont nombreuses, complexes et évolutives; elles ne sont pas le fruit des traditions mais des évolutions environnementales.

      C’est donc bien plus complexe qu’une simple considération de la tradition.

      • Pierre-Michel Vidal

        « La solution ne serait-elle pas de supprimer tous les sapins, vrais ou artificiels, en remplaçant leur culture par des feuillus bien plus écologiques. La crèche pourrait à nouveau se peupler d’une biodiversité, symbole de la vie ».
        C’est votre solution. Celle qui vous agrée et qui donc doit prévaloir. Permettez-moi de ne pas voir les choses de votre manière. Je suis attaché au sapin et je me désole qu’on veuille éradiquer cette tradition. Je ne compte pas non plus adopter comme vous le préconisez le »kiss under the misteltoe ». Encore un anglicisme dont j’ignore le sens. D’ailleurs je n’ai aucune inclinaison pour les traditions anglo-saxonnes souvent liées à des considérations mercantiles comme par exemple les Black Fridays. A l’apologie du fric, je préfère le sapin et la poésie de la crèche. Enfin dire de Staline qu’il luttait « contre un régime capitaliste inégalitaire ». Cela dénote de connaissances historiques naïves ou (très) sommaires.
        Hitler, Staline, Mao ont fait le malheur de leur peuple en voulant bâtir un homme nouveau (avec un mode de vie nouveau). Les utopies sont parfois dangereuses. Préservons nos bonnes vieilles traditions, c’est à dire notre culture, pour nous prévaloir des aventures dangereuses. Surtout en ce moment.

        • « kiss under the misteltoe ». Encore un anglicisme dont j’ignore le sens »
          Vous donnez vous-même , la réponse:

          « Cela dénote de connaissances historiques naïves ou (très) sommaires. »

  • La solution ne serait-elle pas de supprimer tous les sapins, vrais ou artificiels,en remplaçant leur culture par des feuillus bien plus écologiques. La crèche pourrait à nouveau se peupler d’une biodiversité, symbole de la vie.

    La tradition direz-vous?
    Dans ce cas, la tradition c’est du fric, il y a bien longtemps que ce symbole de l’arbre de vie de la genèse est oublié.
    Quant à la tradition, en général, il y a longtemps que la plupart ont disparu, heureusement souvent!
    Une autre tradition pourrait prendre sa place; ce jour là, chacun, au lieu de couper un arbre, en planterait un, feuillu, en ville, dans des parcs ou à la campagne.
    D’une part , cela permettrait d’absorber le CO2 dégagé par toutes les manifestation économiques de cette période des fêtes de fin d’année;
    D’autre part chacun pourrait, après la pandémie, pratiquer le »kiss under the misteltoe », nouveau symbole pour une amitié entre les peuples.