Il fallait donc sauver la démocratie

Ah que c’est beau, que c’est grand, que c’est généreux ! Grâce, semble-t-il, à l’initiative de François Bayrou, la démocratie a été sauvée et les candidats à la présidentielle, Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan ont pu engranger 500 signatures de parrains. C’était son ambition lorsqu’il a créé ce qu’il appelait la « banque des parrainages ».
Lui-même d’ailleurs, François Bayrou, pour donner l’exemple, a accordé sa signature à Marine Le Pen. Il l’a fait en précisant de façon fort insistante et répétée que cette candidate avait des opinions très éloignées des siennes mais qu’elle devait figurer sur la liste des candidats à la présidentielle. Il faut ici bien mesurer la grandeur du geste fait d’abnégation et d’un grand désintéressement. Un geste consenti au nom de la démocratie en surpassant une divergence de vue bien soulignée. Un renoncement à ses propres convictions. Enfin un bémol : chez les politiques le plus important est toujours ce qui n’est pas affiché. En la circonstance, Bayrou soutenant Macron, il est établi que le président sortant préfère se retrouver au second tour face à Le Pen que Face à Pécresse.
Mais voilà, les ingrats disent, maintenant que, s’ils sont autorisés à participer à l’élection présidentielle, ce n’est pas à l’initiative de François Bayrou qu’ils le doivent. C’est grâce à l’engagement de leurs adhérents et de leurs soutiens qu’ils ont pu obtenir ces 500 signatures. En politique il faut toujours compter sur l’ingratitude des autres. Et puis si François Bayrou affirmait, il y a peu, que sa « banque des parrainages » comptait 365 signatures, il s’est soigneusement gardé d’afficher les noms de ceux qui y figuraient. Quels sont-ils ces élus, inscrits sur la liste de cette banque, qui ont signé pour ces trois candidats rattrapés au vol ? On ne le saura vraisemblablement jamais. Ainsi son initiateur pourra dire haut et fort que son initiative a porté ses fruits. Personne n’aura les moyens de le contredire.
Avec la modestie qui le caractérise, le Haut commissaire au plan, a pu ainsi, pendant l’espace de quelque temps, occuper l’espace médiatique. Il est vrai, et il faut le reconnaître, que son initiative était à la fois originale et porteuse d’une véritable question. Faut-il maintenir dans sa forme le système des parrainages tel qu’il est actuellement en vigueur ? Il n’y avait pas de problèmes équivalents à ceux d’aujourd’hui lorsque les parrainages pouvaient rester anonymes. Tout s’est compliqué quand le conseil constitutionnel a dû briser cet anonymat. Alors les élus de tout niveau, soucieux de ne pas déplaire à leur électorat, traduisez : soucieux de s’investir pour leur réélection, ont craint d’être classés dans une catégorie qu’ils n’avaient pas jusqu’alors affichée. Autrement dit en politique il faut aussi ne pas totalement se dévoiler. Être trop transparent n’est pas toujours à son avantage.
Bayrou a donc sauvé la démocratie, du moins c’est ce qu’il affiche haut et fort. Il l’a fait dans un contexte national limité à la période électorale actuelle. Ce seront donc onze candidats qui s’affronteront pour la présidentielle. Et dire qu’il y a des pays qui ignorent tout de la démocratie. Notre haut commissaire au plan pourrait-il avoir une ambition internationale ?
Pau, le 7 mars 2022
par Joël Braud
Il a eu le courage déclencheur faire. Bravo. Maintenant il faut aller jusqu’au bout et supprimer la décision malsaine de Hollande qui permet des pressions sur les élus qui ne partagent le consensus actuel afin que puisse réellement vivre une démocratie.
Il y a un missile qui ne l’a pas loupé c’est celui de la vanité….
Bayrou de secours ! une roue gonflée à la prétention, à la suffisance, à l’air de rien, au gaz hilarant.
Merci pour cet article qui dit le vrai.