Lèche-bottes blues

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Qui se souvient de cette chanson d’Eddy Mitchell ? Elle date de 1997. Elle moque l’attitude soumise et inconditionnelle d’un citoyen, prêt à tout accepter même ce qui pourtant constitue une véritable contrainte.

Pourtant de nos jours, dans le cadre de la campagne électorale pour la présidentielle, certains politiques adoptent le comportement des inconditionnels et n’hésitent pas, sans retenue, à se livrer à des éloges dithyrambiques.

Jugez-en. Dans sa parution du mercredi 23 mars 2022, le Canard enchaîné, page 2, dans les minimares, rapporte ainsi les propos de François Bayrou.

« François Bayrou rend hommage à Macron (Twitter, 18/3) : «J’ai vu un homme avec des qualités humaines, proche des faibles et ému par les plus fragiles. C’est cet homme-là qui donne tout son sens à l’aventure que nous vivons. » Il n’a pas l’impression d’en faire un peu trop » (fin de citation). 

Bon, nous sommes en campagne électorale et il n’a échappé à personne que le maire de Pau est un soutien inconditionnel au président candidat. Le problème c’est que lorsqu’on emploie des formules de cette nature plutôt que d’inciter l’électeur à se prononcer pour Macron on a plutôt tendance à éveiller chez lui comme une certaine méfiance basée sur la formule « trop beau pour être vrai ».Cette admiration sans borne prend le risque d’être contre productive. Notre flatteur en est-il conscient ?

Ces jours-ci où l’on apprend que certains sondages font craindre que le taux d’abstention sera pour la présidentielle de l’ordre de 30 %, le plus fort taux jamais connu pour une élection présidentielle, n’aurait-il pas été plus judicieux de parler programme et d’évoquer certains choix de celui-ci. En effet, des sondages, toujours, permettent d’apprendre que peu de citoyens électeurs sont capables de citer ne serait-ce qu’un élément du programme des candidats. Pire encore, la très grande majorité des Français considère que cette élection ne changera rien à leur vie quotidienne.

Mais ne soyons pas naïfs, au moment où, dans les coulisses, se joue la composition du futur gouvernement, où les partages des circonscriptions électorales pour les législatives sont en cours, il vaut mieux employer des termes généralistes, langue de bois diront certains, que s’engager trop en avant.

Et après on s’étonnera du discrédit dont les politiques de notre pays sont l’objet.

Pau, le 28 mars 2022

par Joël Braud

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3 commentaires

  • Ils nous prennent pour des billes ? Mais on ne roule pas pour eux ! C’est du Bayrou tout cru avec sa condescendance.

  • Mais si la présidentielle ne passionne pas, n’est-ce pas parce que les positions sont trop clivées et surtout parce qu’un gouvernement de cohabitation est vraisemblable après les législatives.

    Je me demande si M. Lassalle n’aurait pas une opportunité d’être ministre de M. Macron ; voire de Mme Pécresse si sa cote de popularité remonte ?
    C’est le moment ou jamais pour lui. Je verrais bien un parcours ministériel parallèle à celui de M. Hulot…

    • A mon avis si la présidentielle ne passionne pas c’est surtout parce que jusqu’alors, les arguments développés par chacun des candidats sont plutôt éloignés des préoccupations de Français. Ce qui vient en tête des celles-ci est le pouvoir d’achat. Pas de réponse et tout le monde voit bien que les prix augmentent et que l’inflation repart. Les politiques, dans ce domaine, feront des promesses que nous savons tous intenables. Je crois que Macron a avoué que, en la matière, il ne pouvait pas faire grand chose. En effet l’économie est mondiale et les ratios dont elle dépend sont hors de portée de nos politiques (même du haut commissaire au plan).
      Maintenant, j’ai bien aimé votre humour à propos de Jean Lassalle et après tout, je me demande s’il n’y a pas un fond de vérité dans le cas où par dépit, les électeurs…