La présidentielle, une élection ou un régime politique ?

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On a suffisamment ironisé sur l’originalité britannique qui a consisté à voter la sortie de l’Union Européenne du Royaume-Uni sans en connaître les conditions, qu’on ne peut pas se pencher sur celle de la France où nous élisons un président de la république sur un programme, que peu d’électeurs lisent d’ailleurs,  qui ne pourra être mis en œuvre qu’à la condition que les élections législatives confèrent au président élu une majorité prête à le réaliser. Notre système consiste sans le dire en un régime présidentiel dépendant en fait de la composition de l’Assemblée Nationale qui résultera d’élections législatives suivant de quelques semaines seulement l’élection présidentielle.

Et c’est là que nous ne sommes pas plus cohérents que nos voisins d’Outre-Manche !

Dans tous les partis susceptibles d’être représentés à l’Assemblée Nationale, la bataille des législatives (qui est bien ancrée dans leur tête) commencera dès le 24 avril et pour tous les esprits avisés ce scrutin sera celui soit du soutien, soit de l’opposition au président de la république.

Au regard des sondages et des rapports de force qu’ils dessinent, il y a fort à parier que le président élu aura du mal à obtenir une majorité parlementaire.

Alors que deviendrait son programme ? 

Tout cela parce que le fonctionnement de notre démocratie est vicié. On renonce à mettre en œuvre une représentation proportionnelle en prétendant qu’elle ne permettra pas de gouverner, mais rien n’assure que les urnes donneront une majorité soutenant le programme du président de la république. Rien d’étonnant dans la mesure où le premier tour de l’élection présidentielle témoigne d’un éventail d’opinions.

La période qui s’ouvre conduira fatalement à mener des réformes qui s’imposent pour remédier d’abord à l’abstention dont le taux demeure très haut et qui n’est qu’une manifestation de leur nécessité.

Quelle pitrerie avons-nous vécue avec le système des parrainages !

Quelle hypocrisie consistant à participer à une élection présidentielle avec pour seul objectif d’en paralyser la mise en œuvre !

Quel entêtement puéril à refuser l’adoption d’une représentation proportionnelle qui adviendra tôt ou tard !

Trop d’incohérences dues pour partie à un monde politique qui n’accepte pas de se renouveler. Au fait où en est à ce sujet la réforme que souhaitait le candidat Macron en 2017 ? Une simple question parmi de nombreuses autres .

Pierre ESPOSITO 

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Un commentaire

  • Pierre-Michel Vidal

    M. Esposito oublie que l’élément essentiel de cette élection ce n’est pas le Brexit mais la guerre en Ukraine. Il est obscène de cracher dans la soupe alors que nos voisins sont jetés dans des charniers par milliers. Notre démocratie est sans doute perfectible mais nous devrions la soutenir plutôt que la critiquer. Nous sommes des privilégiés car nous vivons dans un état de droit et nous sommes libres de dire et de penser ce que nous voulons. Les Ukrainiens se battent pour ces privilèges essentiels. Prenons conscience de la chance que nous avons.