Silence sur la planète

Avez-vous entendu cet enregistrement (ou prétendu tel) du bruit des mouvements atmosphériques sur la planète Mars diffusé sur France-Inter tôt samedi 2 avril ? Le commentateur assurait qu’il était inférieur de 20 db à la moyenne sur la surface du globe. Pour moi, il n’y a pas là de quoi m’inciter à aller m’installer sur Mars, à supposer que ce soit possible de mon vivant. Et vous ?
Il est probable que vous n’envisagez pas de trouver une planète de rechange. Pourtant vous acceptez qu’au cours de cette campagne présidentielle si peu ait été dit sur les échéances que les scientifiques nous annoncent. Ce sont pourtant des délais fort courts, de l’ordre d’un demi-quinquennat qui nous sont laissés.
Certes, il y a eu quelques ralliements, essentiellement verbaux, aux thèses des écologiques. Mais ils semblent plus relever d’un effort de récupération que d’un engagement résolu, et pour certain-es d’une véritable conviction.
Pourtant l’occasion était bonne de marquer un vrai coup de semonce à l’importation de combustibles fossiles en provenance de Russie. C’est maintenant qu’il faut arrêter l’horreur en Ukraine, pas en décembre. Et le moyen le plus puissant est d’arrêter les importations de gaz et de pétrole en provenance de Russie. Certes, cela a un coût. Les réserves stratégiques peuvent être utilisées, mais pendant un temps assez court. Et nous pouvons obtenir de l’aide de pays qui comprendront que la prolongation de la guerre pendant des mois (ou plus) aurait des conséquences financières et économiques bien plus graves. Et aussi des conséquences alimentaires, sanitaires et sociales. L’Allemagne jouit d’une économie prospère, en partie due à des entreprises qui étaient en activité durant la période hitlerienne. A ma connaissance, elle n’a pas payé de dommages de guerre comme cela a été le cas après le traité de Versailles. C’était sans doute souhaitable pour écarter une réédition de la montée du nazisme ; c’est le plan Marshall qui a permis le rétablissement de l’économie européenne et l’ouverture des « trente glorieuses ». A cet égard, je n’ai pas entendu de propositions sur le paiement de dommages de guerre. Pourtant il faudrait bien que les responsables de ces destructions paient le prix de la reconstruction. Les souffrances, elles, resteront à la charge des victimes, de part et d’autre.
On nous dit que les éoliennes sont trop voyantes et trop bruyantes. Mais toutes les dix minutes un avion cargo décolle pour fournir des entrepôts en colis qui doivent arriver au plus vite. Ces décollages sont-ils insonores ?
Que fait-on en matière de géothermie, d’énergie des courants et des marées?
Quelle est la politique de l’Etat, d’EDF et de sa filiale EDF-ENR ? Beaucoup de publicité, mais rien, même au cours d’une longue conversation téléphonique sur les aides, la tva et les prix. Et le prix de rachat par EDF reste fixé (pour combien de temps ?) à 10 centimes le kwh alors que le prix du marché est de l’ordre du double (maintenant, pas dans 5 ans !). N’est-ce pas un scandale d’Etat alors que la moitié (27) des centrales nucléaires sont à l’arrêt et que l’on peine à finir l’EPR de Flamanville avec un coût qui a flambé ?
Les pays du sud de l’Europe ne devraient-ils pas s’allier avec leurs voisins africains pour proposer aux pays de l’Europe du nord et de l’est une énergie moins hostile à la planète et un développement équilibré? Il y a là un grand enjeu économique qui pourrait être accompagné de mesures politiques (interdiction de centres d’appels destinés à l’Europe, accueil des ressortissants…). Voir la Grèce tendre la main à l’Allemagne qui a été si dure avec elle, l’Algérie se reconcilier avec la France pour panser les plaies serait un réconfort en ces temps si troublés et inquiétants.
Jean-Paul Penot