Paradoxes de soir d’élection

Décevante cette soirée électorale, médiocre, politicienne et surtout paradoxale. Je ne parle pas là de la victoire sans bavure du président sortant qui obtient près de 17 points d’avance sur son adversaire, mais de son commentaire venu soit de la classe politique, soit des journalistes ou commentateurs apointés. La façon de minorer la qualité de la victoire du sortant est le premier de ce paradoxe. Peu de louanges, pas de mots de félicitations sur les plateaux. Pourtant, cette courtoisie élémentaire, fait partie de la tradition républicaine ; elle aurait montré un certain réalisme, une capacité d’autocritique qui fait défaut à nos politiques et qui explique, pour partie, la défiance des citoyens à leur égard. Ainsi on ne parlait donc que de colère, de rejet, de drames à venir.
Très vite le nouveau gourou des médias, Jean Luc Mélenchon, a donné le ton : le Président à peine élu cap sur le « troisième tour » et de sortir le vieux gri-gri de la politique française : l’union de la gauche. Mélenchon dont le style brillant repose sur les vieux gimmicks des politiciens des années 90, mélange de Marchais et de Mitterrand, homme âgé au ton daté, est devenu l’idole d’une partie de la jeunesse que l’on pensait branchée sur des manières plus nouvelles. En face, quand on examine les résultats par tranche d’âge, Macron, le plus jeune de nos Présidents, a la faveur de retraités et des plus âgés. Un paradoxe qui laisse perplexe…
Autre paradoxe : il faut « élire » désormais un premier ministre de cohabitation -de préférence Jean Luc Mélenchon. Mais depuis quand élit-on un premier ministre ? La cohabitation est le fruit d’une conjoncture accidentelle qui n’est pas dans l’esprit de la 5ème république. De nature verticale, elle veut au contraire donner au Président élu les moyens de gouverner. Les cohabitations ont fonctionné grâce à la qualité et l’esprit de responsabilité des duos aux commandes : Mitterrand/Chirac, Chirac/Jospin. Les premiers ministres avaient été choisis par le Président. Cette élection nouvelle d’un premier ministre, signerait une revanche de Mélenchon, de ces électeurs, certes, mais en même temps ouvrirait une grave crise institutionnelle. Dans la Vème « élire » le premier ministre aurait des conséquences imprévisibles.
Le troisième des paradoxes exposés hier soir est lié à l’analyse de la nature des votes en faveur de Macron. Une partie d’entre eux, importante selon nos commentateurs, serait des votes de barrage et non pas des votes d’adhésion. Mais faire barrage à un programme, un système, un projet, n’est-ce pas une forme d’adhésion, limitée sans doute, au camp d’en face. Il en est de même du vote utile. Eliminer ce n’est pas choisir mais c’est tout de même se retrouver sur des valeurs communes et essentielles : les valeurs républicaines. Qui peut prétendre savoir ce qu’il y a dans la tête de l’électeur qui met son bulletin de vote dans l’urne ? Il se déplace, prend une partie de son temps : son acte n’est pas seulement dicté par le rejet. Il porte une forme d’acquiescement nuancé peut-être par des craintes, des critiques, des reproches parfois violents. Il y a une différence entre le refus et le rejet. Au premier tour on choisit au second on élimine c’est la logique de nos institutions. Ce fut le cas très net de l’élection de Jacques Chirac face à Jean Marie Le Pen. Il n’y a pas là matière à contester de manière radicale le succès de Macron comme il a été fait hier.
Nous ne sommes pas non plus dans la tête des abstentionnistes. (Nous ne commenterons pas ici la pitoyable pantomime de Jean Lassalle qui nous avait habitués à mieux). On se posera la question : la campagne électorale fut-elle à la hauteur des espérances d’un pays qui adore la controverse ? Emmanuel Macron devait-il entrer dans le dur plus tôt ? C’était dangereux pour lui mais n’était-ce pas nécessaire pour mobiliser l’opinion ? Et le ton, la violence verbale, ne sont-ils pas la cause de cette abstention ? Et d‘ailleurs que sait-on de ces abstentionnistes ? Avaient-ils, ce jour-là, une partie de pêche programmée ou une fête de famille à honorer ? Plus que le regret de cette attitude qui mine la démocratie et que tout le monde devrait condamner, c’est l’instrumentalisation de l’abstention qui a dominé sur les plateaux en en faisant un acte de défiance. C’est aussi un paradoxe car que sait-on vraiment de ceux qui ne vont pas voter ?
Pierre-Michel Vidal
« Au premier tour on choisit »
Entre la peste et le choléra!
« au second on élimine »
Les deux!
« Macron, le plus jeune de nos Présidents, a la faveur de retraités et des plus âgés. »
Pas de tous, loin de là!
« C’était dangereux pour lui mais n’était-ce pas nécessaire pour mobiliser l’opinion »
En effet, c’est pour cela qu’il a distribué de l’argent partout, fait des promesses qui n’ont de valeur que pour ceux qui y croient! C’est de l’électoralisme à l’état pur, le piège de l’araignée dans sa tanière, le grand méchant loup rôde et voudrait bien attraper le petit chaperon rouge et les petits cochons. Il leur tend un piège en se déguisant en fée des bois …
« Je suis une sénior qui voit, enfin, un changement s’amorcer et l’arrivée de jeunes brillants issus des ONG et autres » nous dit Robin
Je suis ravie de voir en ligne de mire une cohabitation… Je ne supporte plus cette cinquième République avec un président sans contre-pouvoir. De plus, une union de la gauche, obligée de négocier, me rend optimiste. Comment peut on parler de démocratie depuis le mandat du président réduit à cinq ans assisté d’un parlement godillot et sans alternance de vision politique ?
Je suis une sénior qui voit, enfin, un changement s’amorcer et l’arrivée de jeunes brillants issus des ONG et autres entourant un vieux pilier du monde de la gauche qui a une vision vieille de plus de 20 ans… ce que l’on nomme combat.
On ne fait pas du neuf avec du vieux: laissons les vieux politiciens roués mais hors du coup, ces professionnels usés jusqu’à la corde, sur le bord de la route. Que cela soit Bayrou ou Mélenchon, ils ont l’âge de la retraite. Après tout ce dernier n’est-il pas adepte de la retraite à 60 ans ? Place aux jeunes. Ils sont capables…
Il y a une raison très simple pour laquelle les ministres ne sont pas élus- y compris le Premier ministre- c’est qu’ils ne pourraient être remerciés par le président de la République. L’autorité de ce dernier sur le gouvernement serait alors bien différente.
Les ministres et le premier ministre élus c’est exactement l’esprit de la IVème République. Nos lecteurs qui s’intéressent à l’Histoire savent ce que cela veut dire: une instabilité permanente.
« Nos lecteurs qui s’intéressent à l’Histoire savent ce que cela veut dire: une instabilité permanente. »
Parce que, maintenant, ce n’est pas l’instabilité ,les magouilles pour se distribuer les possibles sièges, non pas parce qu’ils correspondent à une quelconque compétence politique, géographique ou autre mais pour l’intérêt des différentes tendances dont on veut le soutien!
Des ruptures d’engagement , pendant le quinquennat, ont fragilisé la majorité. Heureusement pour elle il y avait les godillots qui ne se posaient pas de question,le petit doigt sur la couture sur le pantalon!
»l’abstention qui a dominé sur les plateaux en en faisant un acte de défiance »
Elle avait ses raisons!
Mélanchon en demandant « élisez-moi Premier Ministre » est totalement, absolument ridicule. Etre arrivé troisième au premier tour lui a gonflé la tête, sans doute.