Vous y croyez, vous, à l’idéologie en politique ?

Nous venons juste de sortir d’une période électorale qui a quand même duré plusieurs mois que déjà se profile à l’horizon d’autres élections, les législatives. Elles sont programmées pour les 12 et 19 juin prochains. Dans les coulisses du pouvoir on sent bien que ça s’agite, ça grenouille, ça magouille. Il y en a même qui parlent de 2027, la prochaine élection présidentielle. Comme Macron ne pourra être candidat étant donné que la constitution ne permet pas un troisième mandat successif, beaucoup y pensent.
Mais avant de parler des législatives, il convient d’être attentif à ce qui est en préparation, la composition du futur gouvernement. Macron, on le sait, a décidé de renouveler dans une large proportion les membres du gouvernement Castex. On voit alors des politiciens qui hier étaient à couteaux tirés, François Bayrou, Richard Ferrand, par exemple, poser la main sur l’épaule comme si leur amitié datait de plusieurs lustres et comme si il n’y avait jamais eu entre eux aucune mésentente. Pourtant on se souvient que, lors des dernières législatives, ils avaient failli en arriver aux mains lorsqu’il s’était agi de répartir les attributions des circonscriptions. Également, Nicolas Sarkozy, qui a oublié de soutenir la candidate de « sa famille politique » lors de l’élection présidentielle. Simple distraction ou plutôt calcul politicien pour se placer dans la liste des futurs membres du gouvernement. N’oublions pas le cas de Manuel Valls qui, si les souvenirs sont exacts, a navigué par le passé dans des hauts postes du parti socialiste puisqu’il a été premier ministre de François Hollande. Chercherait-il, lui aussi, à briguer un maroquin ? Oublions Édouard Philippe, ancien premier ministre de Macron qui, venant de créer un parti dont le nombre d’adhérents doit rester secret, cherche à placer ses pions pour les législatives. En réalité celui-ci vise davantage la présidentielle de 2027.
A propos justement de la dernière présidentielle, ils étaient douze candidats cette année, combien seront-ils en 2027 ?
Nous ici à Pau, nous savons bien ce qu’il en est de ces tergiversations politiciennes. Avant de soutenir Macron, Bayrou soutenait Juppé. Avant de rallier Bayrou, une certaine députée, qui ne l’était pas à l’époque, occupait des fonctions au bureau national du parti socialiste. Chacun a été récompensé, l’un est Haut Commissaire au Plan, l’autre est députée. Cela s’appelle, dans un autre langage, aller à la soupe. En politique, l’important est d’exister, occuper une fonction honorifique ou non mais une fonction qui a pour intérêt essentiel que l’on ne vous oublie pas dans la sphère médiatique. Peu importe que chacun défende une idéologie. Peu importe que ses paroles correspondent à une véritable conviction. L’essentiel est d’être sur le devant de la scène.
Actuellement on sent bien, sans pour autant être un grand clerc, qu’à la différence des apparences qu’ils nous donnent, ils sont en train de s’étriper. Ils le font évidemment dans le secret des coursives du pouvoir. Le partage des circonscriptions en est la cause. Il faut bien savoir qu’un député élu rapporte de l’argent à son parti. Là n’est pas la moindre motivation. Certains, beaucoup plus qu’on veut nous le laisser entendre, placent l’essentiel de leur motivation dans cette donnée. Le jeu des alliances est ouvert et c’est à celui qui acceptera les compromis utiles, c’est à dire ceux qui permettront d’occuper un mandat. Les lignes de la doctrine politique sont mal définies parce que dans le langage politique il faut que continue de régner la plus grande confusion.
Et puis quand seront passées les législatives, vous verrez que reviendra sur le tapis la présidentielle de 2027 et alors là, nous aurons du spectacle. Certain d’ailleurs, tirant argument de l’âge du président des États Unis, a déjà laissé entendre qu’il ne serait pas trop vieux. Ce paysage politique, n’empêche pas qu’il se trouve des supporters inconditionnels, comme s’il pouvait réellement exister une conviction idéologique, dogmatique. Qu’ils me disent comment ils font, je n’y arrive pas.
Pau, le 2 mai 2022
par Joël Braud
Excellent parce que moralement juste.
Bravo très beau texte qui n’appelle pas de polémique