Une image contre-productive

A n’en pas douter, Stéphane de Sakutin, photographe de l’AFP, a un grand talent. L’image qui illustre cet article en est la preuve. Il a su à la fois, décrire une ambiance, réussir un cadrage et choisir un moment. Tout l’art de ce photographe professionnel qui est spécialisé dans le domaine politique.
Cette photographie a beaucoup circulé et a été maintes fois commentée. Malgré cela, je viens apporter mon grain de sel et dire ce que m’inspire cette situation de quatre politiciens bien ancrés dans leur rôle. Ils viennent, selon ce qui nous est dit, de se rencontrer et de s’entendre pour mettre en place, en vue des élections législatives, un parti d’union nommé « Ensemble ». Ça pour être ensemble, ils sont ensemble, mais quelle tristesse, quelle manque d’énergie et que d’arrières pensées que l’on devine facilement.
A gauche Édouard Philippe, 51 ans, ancien premier ministre, maire du Havre. Il vient de créer un parti politique qui porte le nom de « Horizons ». Il se rallie, sans pour autant l’intégrer, au parti du président de la République. Le sérieux qu’il affiche, est la représentation de ses arrières pensées qui voguent, vent arrière, vers l’échéance de 2027. Il se sent un destin national !
Debout Richard Ferrand, 59 ans, ancien et éphémère ministre, président de l’assemblée nationale, ancien membre du parti socialiste. A opportunément rejoint, il y a cinq ans, le parti du président de la République LREM (La République en marche) ; un parti qui en raison des circonstances – législatives obligent – vient de changer de nom pour s’appeler « Renaissance ».
Assis au centre, le joyeux drille de l’équipe, François Bayrou, 70 ans. Ancien ministre, maire de Pau, président de la communauté d’agglomération Pau Béarn, président du pays du Béarn, Haut Commissaire au Plan et président du MoDem. Surnommé le Joe Biden français depuis qu’il a affirmé qu’à 79 ans, on n’est pas trop vieux pour être président de la République. Son air gai et réfléchi traduisent que ses pensées s’égarent dans l’horizon 2027 (lui aussi). A moins que le partage des investitures pour les législatives lui laissent un goût amer.
Et sur la droite, le gamin, Stanislas Guerini, âgé de seulement 39 ans. Il est le délégué général de LREM. On ne sait pas trop ce que cela signifie puisque ce parti s’appelle maintenant « Renaissance ». Il n’est pas tellement plus enthousiaste que les autres et son air attentif et quelque peu dubitatif aux propos de Richard Ferrand laisse craindre qu’il se demande un peu ce qu’il est venu faire, lui le gamin, dans cet aréopage.
Les voilà donc rassemblés ces quatre joyeux lurons pour s’entendre afin de créer ce qui pourrait ressembler à une confédération regroupant Horizon, MoDem et Renaissance (anciennement LREM) pour constituer « Ensemble » le nouveau parti présidentiel. Rien de bien transcendant dans le titre et dans la devise. Nul doute qu’en les regardant ainsi réunis on sent bien que le dynamisme, l’optimisme et la gaieté vont animer les débats des élections législatives. Ceux qui aiment l’humour et la détente vont se régaler.
Il faut bien reconnaître que cette image est contre-productive.
Pau, le 16 mai 2022
Par Joël Braud
Joe François Bayrou s’écroule sur sa chaise parce qu’il n’est pas le meneur de revue qu’il prétend. Le fringant réformateur de l’UDF a pris du plomb dans l’aile. Il est beaucoup moins magnificent qu’il ne le fut.
Je ne me moque pas.
Moi-même, je n’ai plus la fougue de mes vingt ans. Mais au moins, dois-je à mes parents d’avoir assez d’éducation pour savoir me tenir en public.
Cette photo, au-delà de Sire François, reflète surtout la franchise et l’honnêteté de ces politiques envers le peuple dont ils attendent le suffrage.
On a l’impression que Philippe se dit « ne peut-il pas ce taire, ce con ? », tandis que Bayrou semble penser « j’aurais mieux fait d’avouer les détournements à Bruxelles. Il est temps que je rentre à casa (Bordères, 64). Guérini, enfin cherche si, en coulisse, il n’y aurait pas une assistante pour venir retirer le micro à l’homme des mutuelles de Bretagne