Qu’ils nous la jouent modeste

Ces élections législatives sont maintenant terminées et il est l’heure de faire des bilans. De nombreux commentaires ont été faits sur l’avenir du gouvernement, sur la possibilité de faire voter des lois, d’engager des réformes, sur les risques de blocage etc. Il est un chiffre qui évidemment n’a pas été communiqué tant il donne une image peu reluisante de notre démocratie, c’est le rapport qui existe entre les voix obtenues par les candidats élus et les électeurs inscrits. Peu reluisant en effet !
Jugez vous-mêmes, sur le département des Pyrénées Atlantiques, cela donne :
- Josy Poueyto (Ensemble/MoDem) élue, 24,52 % des inscrits ;
- Jean-Paul Matteï (Ensemble/MoDem) élu, 26,13 % des inscrits ;
- David Habib (PS) élu, 31,14% des inscrits ;
- Inaki Echaniz (NUPES) élu avec 24,66 % des inscrits ;
- Florence Lasserre (Ensemble/MoDem) élu avec 24,33 % des inscrits ;
- Vincent Bru (Ensemble/MoDem) élu avec 26,50 % des inscrits.
Voilà donc les six députés du département des Pyrénées Atlantiques, élus avec pour trois d’entre eux, un nombre de voix inférieur au quart du nombre des inscrits. Celui qui est au plus haut, est David Habib, et encore, les voix qu’il a obtenues ne représentent même pas le tiers du nombre des inscrits.
Si l’on ajoute à ces chiffres un taux d’abstention record qui a atteint le niveau de 53,9 %, on peut effectivement être inquiet. Notre démocratie souffre d’un mal récurrent. A-t-on l’espoir de s’en sortir ? Il ne s’agit pas, bien évidemment, de contester ici la légitimité des élus. Élus, ils le sont en toute légalité. Reconnaissons que leur représentativité est quand même très limitée. Rien ne permet ni de se réjouir, ni d’être satisfait d’un tel résultat. Il n’y a pas de quoi pavoiser.
Certains fraîchement élus en conviennent d’ailleurs puisqu’ils parlent de l’humilité qui s’impose à eux. Reste à savoir de quelle façon cette humilité va se concrétiser. Va-t-elle les conduire à adopter une attitude différente de celle qui était la leur avant ces élections ? Seront-ils plus proches des électeurs, plus à l’écoute ? Il faudra bien puisque les sondages traduisent d’une façon concordante qu’il existe une distance jugée trop grande entre le peuple et eux. Alors finies les lettres sans réponse, les attitudes froides, les « c’est moi qui ai raison », les réponses à l’emporte-pièce qui balaient d’un revers de manche une question embarrassante. Ces manières de mettre en avant un ego surdimensionné doivent être rangées aux oubliettes. Nous verrons !
Qu’ils rompent également avec cette tradition qui veut, qu’à chaque début de mandat, les députés (se) votent une augmentation de leurs émoluments.
Mais surtout que, devant ces chiffres, ils nous la jouent modeste et nous épargnent de se comporter en donneurs de leçons. Car le modeste peuple est actuellement en souffrance, il attend autre chose !
Pau, le 27 juin 2022
par Joël Braud
Tous les propos précédents sont marqués du sceau du bon sens.
Un tel niveau d’abstention donne l’occasion de rediffuser 2 idées:
1) Pour être élu un candidat doit obtenir les voix d’au moins un quart du nombre ( et non pas « CHIFFRE ) des inscrits et non pas des votants.
2) Le nombre d’abstentions doit être pris ne compte, lors des pourcentages.
Le comportement des adultes lors des élections traduit leur manque d’intérêt – il est possible de parler de respect – pour la « chose publique ». Leur flagrant manque de civisme se remarque, aussi, dans le domaine familial, dans la mesure où seulement 10% d’entre eux ont le courage civique de se positionner à l’égard de leur fins de vie, et n’abandonnent pas cette décision à leur famille. Cet état d’esprit se traduit par une société inquiète, qui se réfugie dans le consumérisme … quand elle en a les moyens, et réagit quand elle ne les a pas.
Pourquoi voter quand nos chers députés, à peine élus, envisagent de bloquer le pays ? Tout ceci au nom d’une idéologie brouillonne : on se fout du peuple !
Nos élus portent une part… non négligeable, de la responsabilité de votre constat (« Rapport qui existe entre les voix obtenues par les candidats élus et les électeurs inscrits« ) mais pas que…, puisque les abstentionnistes continueront de se plaindre ou de râler, alors qu’ils feraient mieux aussi de la jouer modeste et surtout de ne pas la ramener ! (Version polie de… feraient mieux de fermer leur gueule !)
Par ailleurs, il est vrai que parmi ceux qui votent, certains font parfois le choix de voter pour celui ou celle qui lui semble le (la) moins pire, et ce, à défaut d’avoir lu entièrement le programme respectif des candidats aux élections…
Même si vous connaissez déjà les raisons de cette situation…, les internautes trouveront pour info et/ou rappel, des éléments de réponses à votre article parmi les 3 articles suivants, qui concernent toutes les élections en France :
. Les élections locales (élections municipales + élections départementales + élections régionales)
. Les élections nationales (élection présidentielle + élections législatives + élections sénatoriales)
. Les élections européennes
① Article « Abstention, suffrage exprimé, non inscrits : ça veut dire quoi ? Le point sur les définitions » : par Chloé Boyer (La Rédaction), publié le 19/06/22
Source : site web Lintern@ute (Politique)
Chapeau de l’article : « Le second tour des législatives a lieu ce dimanche 19 juin. Combien de Français prendront part au scrutin ? Combien s’abstiendront ? A l’heure du dernier vote de cette période électorale, Linternaute vous rappelle quelques définitions. »
URL : https://www.linternaute.com/actualite/politique/1188605-abstention-suffrage-exprime-non-inscrits-ca-veut-dire-quoi-le-point-sur-les-definitions-1655047924.amphtml/
② Article « Abstention : une hausse ni généralisée, ni inéluctable »
Source : site web du Centre d’observation de la société (Modes de vie, Vie politique, Associations) : publié le 13 juin 2022
URL : https://www.observationsociete.fr/modes-de-vie/vie-politique-et-associative/participationvote-2/
③ Article « Abstention: « Le vrai danger pour la démocratie, c’est qu’un jour il n’y ait plus d’électeurs! » » : propos recueillis par Marie Simon, publié le 21/03/2014 (Interview de Jean-Yves Dormagen, directeur du Département de Science Politique à l’université de Montpellier I et membre du Centre d’Études Politiques de l’Europe Latine (CEPEL-CNRS)).
Source : site web du magazine L’Express (Actualité / Politique / Elections / Elections Municipales 2014)
URL : https://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/abstention-le-vrai-danger-pour-la-democratie-c-est-qu-un-jour-il-n-y-ait-plus-d-electeurs_1501760.html
Bonne lecture… 😉 😉 😉
Vôtre propos est pertinent, d’ autant plus que nos Elus ont pris pour habitude de faire » cocorico « avec ce genre de victoire, alors qu’ ils devraient plutôt ce poser des questions sur le pourquoi l’ électorat n’ adhère plus à leurs discours. A force de déconsidérer l’ électorat on en arrive à un point où il faudrait annuler les élections si un certain quota ne s’ est pas exprimé, il en va de l’ avenir de notre démocratie. Cela obligerait les candidats à faire réellement campagne, mais également à mettre un point d’ honneur à être Elu, mais surtout à considérer que
l’ électorat n’ est pas un poids pour l’ Elu, mais un partenaire où il doit puiser sa force.