Non, compromis, dialogue, écoute et respect ne sont plus au programme !

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Au lendemain des élections législatives et de leurs résultats qui ont indiscutablement affaibli le président de la République, on pouvait espérer un changement de tonalité au regard des déclarations du chef de l’État et de la première ministre.

Le président de la république s’empressa de donner le tempo en affirmant vouloir « avec les formations politiques constituant la nouvelle assemblée des COMPROMIS NOUVEAUX, LE DIALOGUE, L’ÉCOUTE, LE RESPECT ».

De son côté, la première ministre n’était pas en reste. Ne déclarait-elle pas :

« LES SENSIBILITÉS MULTIPLES devront être associées et les bons compromis bâtis afin d’agir pour la France. Nous allons œuvrer dans le DIALOGUE, partout. Les Français nous appellent à nous RASSEMBLER pour le pays ».

Ou, encore «le chemin que trace le président de la République est clair et répond à ce que nous demandent les Français : du DIALOGUE, du RESPECT et de l’ÉCOUTE pour répondre ensemble à leurs attentes et aux urgences.

« Avec le président de la République, nous allons œuvrer dans le dialogue à l’écoute des Françaises et des Français et de toutes les forces vives… Nous avons tout pour réussir et ENSEMBLE nous y parviendrons ».

Ils n’ont pas dû être entendus par Monsieur Pap  NDIAYE, le ministre de l’éducation qui s’est empressé d’annoncer la couleur avec un « pas de compromis à avoir avec le Front National » et qui n’a peut-être pas su qu’il était devenu le Rassemblement National, mais dont on ne voit pas au demeurant en quoi il ne pourrait pas faire entendre sa voix auprès de ce ministre. 

Mais n’était-il pas déjà la voix d’Emmanuel MACRON qui, ne trouvant pas dans la nouvelle assemblée la majorité absolue qu’il espérait, se voit contraint de picorer dans toutes les allées de l’hémicycle, délivre des brevets de vertu, concevant une alliance possible allant des communistes (sous-entendu, mais aussi des écologistes et des socialistes) aux LR, en jetant par contre les élus LFI et RN dont les formations qu’ils qualifie d’extrêmes « ne s’inscrivent pas comme des partis de gouvernement ».

Il est clair que le président de la République et certains de ses porte-voix cherchent à affaiblir ses opposants les moins susceptibles de compromis, en utilisant toutes les ficelles possibles. Peut-on d’ailleurs savoir sur quel(s) critère (s) tous ces bons républicains délivrent des brevets de bonne conduite « républicaine », accaparent l’échiquier politique en prenant soin de qualifier d’extrêmes ceux qui les concurrencent, pour  apeurer et faire croire qu’avec eux ce sera demain la guerre et la fin d’une démocratie pourtant bien hypocrite ?

Quelques chiffres devraient pourtant les interpeller parce qu’ils parlent mieux que tout commentaire.

Les élections législatives appelées à conforter les pouvoirs présidentiels ont révélé un taux d’abstention de 53,77% exprimant bien évidemment une opposition au chef de l’État.

Au premier tour de l’élection présidentielle. Emmanuel MACRON a recueilli 9.783.058 suffrages, tandis que Marine LE PEN en obtenait 8.133.828 et Jean-Luc MÉLENCHON  7.712.520 soit ensemble 15.846.348 suffrages.

Au second tour Marine LE PEN a recueilli 13.288.286 voix.

Aux législatives LFI et le RN ont obtenu respectivement 84 et 89 sièges soit ensemble 173 députés et donc 30% de la représentation nationale.

Le président de la République avait-il moralement le droit de jeter l’anathème sur ces deux formations et à travers elles sur celles et ceux qui ont pris la peine de leur accorder leur confiance. 

Le chef de l’État se révèle un expert en division. Mais alors où sont passés COMPROMIS, DIALOGUE, ÉCOUTE ET RESPECT.

Un récent sondage donne 32% de confiance au chef de l’état et 27% pour la première ministre ! Les connaissent-ils ? Et ont-ils conscience que s’ils sont légitimes par la voix des urnes ils ne sont pas représentatifs des divers courants de pensée du pays ? Ont-ils conscience qu’il y a urgence à modifier un système électoral inéquitable, à mettre un terme à la professionnalisation politique, au népotisme et à la corruption morale, thèmes où il n’est pas besoin de sondage pour affirmer qu’ils sont tous grandement majoritaires dans l’opinion publique qui, elle, a encore du bon sens et des valeurs morales. Mais de tout cela ils n’en ont cure. Pourvu qu’ils durent !

Pierre ESPOSITO 

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2 commentaires

  • Assez des sondages. Tous les sujets sont soumis aux sondages. Il y a peu on nous donnait le classement des Français sur les animateurs de la télévision. Cela devient grotesque. le summum est atteint avec la personnalité préférée des francais. Résultat : Noah, JJ Goldman etc c’est à rire ou à pleurer?

  • Pierre-Michel Vidal

    Le RN est largement représenté à l’AN ce qui montre que nous n’avions pas besoin de la proportionnelle comme on avait voulu nous le faire croire. Cette avancée correspond qu’on le veuille ou non à une réalité sociologique et politique. Nous verrons quel sera le comportement du RN désormais. Il reste néanmoins un parti d’extrême-droite. Par ailleurs, même si les sondages ne sont pas favorables à Macron et Borne ce ne sont que des sondages. A la tyrannie des sondages préférons le suffrage universel ( c’est la base de la démocratie).