Du coude à coude à l’huile de coude

Peut-être êtes-vous attaché à l’adage « Vox populi, vox dei » (mais force est de constater que Dieu a laissé faire bien de vilaines choses). Et les succès électoraux d’Hitler, Mussolini et bien d’autres dictateurs ne peuvent que renforcer l’esprit critique à l’égard des votes populaires. Aussi, c’est la formule de Winston Churchill que je préfère: « la démocratie est la pire forme de gouvernement, à l’exception de toutes les autres ».
Constatons simplement que le dernier scrutin a apporté une forme de proportionnelle sans qu’elle soit la règle. Et que les deux faits majeurs de cette consultation sont d’une part le fort taux d’abstention et d’autre part la montée du Rassemblement national. Ce dernier fait est peut-être dû au silence relatif de Mme Le Pen entre les deux tours des législatives… Il n’est cependant pas une surprise, compte tenu du score élevé lors du premier tour de l’élection présidentielle. Mais il est difficile de s’en réjouir. L’élimination de quelques éléments majeurs mais douteux de la majorité, comme R. Ferrand et C. Castagner constitue une petite consolation : le peuple peut aussi avoir un jugement sain sur les questions de probité et de brutalité.
La majorité s’en trouve épurée. Mais pour autant sa navigation ne sera pas facile. Il va falloir souquer ferme et faire preuve d’habileté. Et de compréhension. Car l’opposition se nourrit de la constatation que si beaucoup d’aide a été dispensée aux entreprises et aux puissants, beaucoup moins d’attention a été accordée aux plus faibles. La stagnation des retraites, la compensation de la perte de valeur du point d’indice des fonctionnaires, qui en fait ne couvre que la moitié ou le tiers de la dérive que ceux-ci ont subi sont les derniers exemples de cette orientation.
Pour être juste, il faut reconnaître que plusieurs gestes sont louables : le soutien au pouvoir d’achat, la prise en charge à un niveau élevé des pertes des entreprises et de l’incidence de la pandémie sur l’économie et le dédoublement des classes dans les quartiers difficiles. Et le plus grand succès réside sans doute dans la lutte contre le chômage ; car c’est en donnant du travail au plus grand nombre que le pays pourra se sortir d’une pente glissante en matière d’équilibre financier, de balance commerciale, de lâcher prise d’une partie des jeunes. Inciter à une entrée moins tardive dans la vie active et en donner les moyens serait plus judicieux qu’instaurer un âge couperet pour le départ en retraite. Apporter plus de justice (en prenant en compte la durée moyenne du reste à vivre en bonne santé selon les secteurs d’activité) et plus de souplesse serait souhaitable. Pouvoir avancer ou retarder le départ en retraite selon le choix de chacun, avec la compensation financière correspondante serait une avancée importante. Cette compensation peut se calculer.
La hausse du prix de l’énergie est probablement l’incitation la plus efficace à la sobriété; il faudra s’y résoudre. Elle peut aussi apporter des distorsions insupportables et il est heureux que l’on pense à les corriger. Il faudrait aussi un effort massif pour mieux isoler les bâtiments, réduire le fret routier au profit du fret ferroviaire en mettant en place un système bien conçu de conteneurs permettant un système multimodal de transport. Bref, viser l’intelligence, l’innovation et la recherche de la qualité de notre production. Celle-ci a réussi à nos voisins allemands. Nous avons nos propres atouts : notre façade maritime, notre ensoleillement, nos traditions, notre démographie.
Paul Itaulog
Bonjour Monsieur Paul 😉
Je partage l’essentiel de vos analyses, mais permettez-moi une petite correction dans votre chapeau introductif, sur « les succès électoraux de Hitler, Mussolini et bien d’autres ». Hitler, oui. Mais la marche sur Rome de Mussolini n’est guère électorale, pas plus démocratique que les élections truquées qui suivront. Idem pour Franco ou Salazar et… « bien d’autres » dont les élections sont bien souvent dues à des golpes ou des partis uniques.
Bref, viser l’intelligence, l’innovation et la recherche de la qualité de notre production. Celle-ci a réussi à nos voisins allemands.
Probablement exact juste pour ces 3 éléments, pour le reste en ce qui concerne les émissions de gr Co2/kwh de produit, la production d’électricité allemande est catastrophique, essentiellement à base de charbon, et gaz Russe, et Angela Merkel en a fait la promotion.
Dans la production d’électricité Allemande jusqu’à, certains jours, 40% des émissions sont à base de charbon, en hiver la nuit et sans vent.
Au moment où je vous écris, en mix énergétique la France est à 65gr Co2/kwh, l’Allemagne à 217gr, et les Pays Bas à 341gr dont 50% à base de gaz (voir site electricity map)
Sur certains points, l’Allemagne fait mieux que les autres comme pour le Biogaz ( 9,38% soit 4,89MW) alors que la France, bonne dernière, n’est qu’à 1,95% de production, 800MW soit moins que la production d’une centrale à charbon (600MW, limité par décret à 1000h de fonctionnement/an ).
Pour les centrales biogaz, oui la France devrait investir massivement. Un retard qui pourrait être très vite comblé en quelques mois alors qu’un EPR comme celui de Flamanville (coût total 19,1 milliards €, avec une probable et incertaine mise en service prévue en 2023), chantier démarré en 2007 qui devait durer 5 ans. 16 ans pour construire un EPR, 16 ans !!… Et on nous parle de construire 6 EPR au coût astronomique révisable de 52 à 56 milliards€ avec un premier EPR en fonction en 2035, et un hypothétique parc automobile tout électrique pour 2035. C’est hallucinant de Co….ries. Nos politiciens ne sont-ils pas rentrés dans un total délire d’incompétences ?
C’est peut-être pour cela que le haut Commissaire au Plan est en formation accélérée.
l’Allemagne fait mieux que les autres comme pour le Biogaz ( 9,38% soit 4,89MW)
rectifier 4,89GW et non MW