La police nationale n’est plus exemplaire

Décidément les critiques sur le comportement de la police nationale s’accumulent. A commencer par un article paru dans l’hebdomadaire « Le Canard enchaîné » (n° 5302 du 22 juin 2022 – page 3)* , plus récemment sur la fuite organisée par un commissaire, responsable du jury du concours des commissaires de police et enfin plus proche de nous par le comportement des policiers du commissariat de Pau.
Commençons par l’article paru dans le « Canard enchaîné ». Le titre « Comment le ministère de l’intérieur fait alliance avec Alliance », avec un sous-titre tout aussi explicite : « Le principal syndicat de flics fait la loi dans les commissariats en s’asseyant sur le droit » le Palmipède nous en apprend de bonnes. Il y est fait état d’un représentant haut placé du syndicat Alliance, justement, qui, ayant été arrêté pour conduite en état d’ivresse par des policiers parisiens, a été libéré sans que soit exercée à son encontre la moindre poursuite judiciaire. Non seulement les réseaux ont fonctionné, mais des représentants de ce même syndicat se sont déplacés pour faire pression sur leurs collègues et ainsi obtenir son élargissement. Ailleurs c’est une policière, déléguée de la même organisation syndicale, dont le mari a été mis en cause dans une procédure pour vol. Celle-ci parfaitement au courant des agissements de son conjoint, puisque les produits de ces exactions étaient entreposés au domicile conjugal, avait été suspendue. Là encore, grâce à une intervention toujours du même syndicat, elle a pu être réintégrée. Dans ce maelstrom, on ne peut ignorer le désaveu de la hiérarchie par les politiques lorsqu’elle se montre trop exigeante sur le respect des règlements. Dans la police, les syndicats font la loi. Les avancements ne sont possibles qu’avec leur accord. Les passe-droits sont de rigueur. Il arrive même que certains commissaires, chefs de service, se voient reçus par des syndicalistes avec la formule : « bienvenue chez moi ». On pourrait s’étendre sur le sujet sans oublier les éléments de langage fourni par les délégués pour organiser la défense de certains mis en examen. Ah quand il s’agit de contourner la loi ! Les syndicats actuellement se battent pour obtenir la présomption de légitime défense.
Plus récemment, la presse s’est faite l’écho d’un commissaire assurant la responsabilité de l’organisation du concours de commissaire qui, aveuglé par sa passion amoureuse, a organisé à l’unique profit de la candidate, élue de son cœur, une fuite des sujets de l’épreuve. L’IGPN est saisie, une procédure est en cours. La justice devra se prononcer et faire la part des choses entre l’excuse atténuante de la passion amoureuse et la circonstance aggravante résultant de la fonction d’autorité du mis en cause. Pas facile !
Plus proche de nous, à Pau, (oui à Pau !) le commissariat de police a privatisé à son usage exclusif la rue O’Quin. Essayez donc de vous engager dans cette voie avec votre véhicule, vous en serez empêché par des barrières et des panneaux de sens interdit. Ce ne sont plus les travaux de l’agrandissement du bâtiment qui en sont la cause puisqu’ils sont terminés. Dans la rue ne sont stationnées que des voitures de police. Dans les rues adjacentes, Bargoin ou Édit de Nantes, sont stationnés des véhicules particuliers. Et, bien que le marquage au sol indique que le stationnement est payant, ils sont tous démunis de ticket de parcmètre. Y aurait-il là encore des passe-droits ? On se souvient qu’à l’époque où la place de Verdun est devenue payante, les syndicats étaient montés au créneau. Ils réclamaient la gratuité du stationnement pour leurs collègues. Ils ne l’ont pas obtenue mais en s’asseyant sur les règles, ils peuvent bénéficier d’une équivalence. Et il ferait beau voir que les municipaux s’aventurent à verbaliser ces infractions au stationnement payant.
Décidément, la police nationale par un comportement qui répond à cet adage, « faites ce que je vous dis mais pas ce que je fais » a cessé d’être exemplaire. En suivant cette dérive, elle se dirige vers une disqualification de plus en plus grande. Lorsqu’on est investi d’un pouvoir régalien, aucun écart ne peut être toléré. Sinon c’est l’autorité même de l’État qui est entamée.
Pau, le 11 juillet 2022
Par Joël Braud
On en apprend de belles!
Est-il opportun de critiquer la police nationale, contestée par LFI et, plus grave, dans les rues, par de petits voyous, tous les jours? Est-il nécessaire de jeter l’opprobre sur les syndicats affaiblis, ces corps intermédiaires ignorés lors du premier mandat de Macron? Tout cela me semble périlleux pour la société dans son ensemble. Les français sont anti-flics et anti-syndicats; ont-ils raison ? Moins de contestation, plus de retenue cela devrait-être notre mot d’ordre dans les moments troubles que nous vivons : où la NUPES vote avec le RN à l’Assemblée Nationale ce qui ne présage rien de bon… La police républicaine et les organisations syndicales sont les piliers de notre démocratie (même si, je vous l’accorde, ils fonctionnent mal) ne l’oublions pas.
/ « Les français sont anti-flics et anti-syndicats… » : ?!? et votre commentaire un jour… de 14 juillet !!!
« Les français anti-flics » ?!? : vous vous exprimez pour LFI, les « black bloc » & Co…. « I presume » !!! 😉 😉 😉
Pas de généralité svp : un peu de modération… m’obligerait ! 😉 😉 😉
Moi, je n’ai pas du tout compris la même chose. À l’Assemblée, clairement, les postes se sont distribués grâce à l’alliance LREM /RN. Si cela n’est pas clair, qu’est ce qui peut l’être ? Quand au front républicain qui a tenu pour la présidentielle n’a clairement pas tenu aux législatives où on a vu LREM voter contre la NUPES et favoriser le RN !
La Police n’ a pas encore fait la Révolution de 1789, elle est encore sous la coupe de l’ Ancien Régime. Voilà une belle occasion de la part de tous les partis politiques actuels d’ être pour une fois tous d’ accord pour la réformer et la faire rentrer dans la modernité démocratique que pratiquement tous les pays européens ont fait.
Merci pour cette analyse sans concession. Le départ du préfet de police de Paris, D. Lallement, serait-il un bon signe ?