Rénovation de l’Hôtel de Ville de PAU en 2016 : « faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais ! »

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En 2015, le conseil municipal de Pau avait engagé deux millions d’euros pour « une cure de jouvence«  de l’Hôtel de ville.

Lors d’une visite de chantier ouverte au public, j’avais été surpris qu’une salle avait été dédiée à un atelier de rénovation des anciennes menuiseries en chêne. Le contremaitre nous avait expliqué que les traverses ou les montants des fenêtres étaient changés, recalibrés, décapés, les petits bois changés, les vitres simple vitrages remplacées par du simple vitrage ! remastiquées et peintes, le tout révisé pour être « étanche à l’air« . Un travail de 3 jours à deux personnes par fenêtre soit une bonne cinquantaine d’heures ou 2500€/fenêtre. Quant aux grandes baies je n’avais pas demandé.

Sinistré d’AZF du 21 septembre 2001, certains propriétaires avaient choisi l’option réparation de leurs menuiseries bois simple vitrage par un simple changement de traverse ou de montant ou les deux à la fois, plutôt qu’un remplacement par des menuiseries double vitrage PVC, bois ou Alu. Un vantail de porte fenêtre, avec pose de verre et masticage non peinte revenait à 250ff ttc (38,11€) en octobre 2001, dépose et repose comprises.

Alors que l’on demande aux français plus de sobriété énergétique en rénovant leurs logements et autre geste quotidien, le bon sens voudrait que les fenêtres des logements soient, en règle générale, changées par du double vitrage.

J’aimerais bien qu’on m’explique pourquoi l’Hôtel de Ville de Pau s’est fait l’apôtre d’une exemption en conservant et rénovant des menuiseries simple vitrage et qui plus est, l’année des accords de Paris de la Cop21 en 2015 où l’on parlait assidûment du réchauffement climatique et de la diminution des émissions de gaz à effet de serre ?

La partie technique thermique d’une fenêtre se caractérise d’une partie vitre Ug (glace) et d’un châssis Uf (frame), le tout sous la dénomination Uw (window).

Les fenêtres simple vitrages, comme celles qui ont été ré-installées à l’hôtel de ville, ont un coefficient Uw dit de « passoire thermique » compris entre 5 et 6 W/m2k , c’est à dire la plus mauvaise des résistances thermiques (pour info, en 2022 des fabricants proposent des fenêtres avec un Uw de 0,69w/m2k). Bonjour les déperditions avec le nombre de fenêtres !

Pourquoi le maire, par soucis d’exemplarité, ne s’est pas plié à respecter la RT 2012 en installant de nouvelles menuiseries en double vitrage au coefficient Uw de 1w/m2k ou, comme l’architecte des bâtiments de France l’avait suggéré, en adjoignant une deuxième fenêtre tout en gardant l’ancienne, ce qui aurait permis de faire passer le Uw bien en dessous de 1 ?

Y a-t-il eu un audit énergétique et un classement des bâtiments de la Mairie de Pau ?

La Mairie de Pau pourra-t-elle continuer effrontément à dépenser sans compter, dans des bâtiments qui restent des passoires thermiques, alors que nous sommes plus que jamais à l’heure de la sobriété énergétique et de baisse impérative de consommation de gaz d’une part et d’électricité d’autre part alors que la moitié du parc de nos centrales nucléaires est à l’arrêt ?

La problématique du dérèglement climatique, les économies d’énergies, les objectifs de la Cop 21 ont-ils été compris à Pau en 2015 ?

Quid du dernier rapport du GIEC du 6 avril 2022 ?

Du multi récidivisme de non port du masque, au non respect de la réglementation thermique, les fonderies à ciel ouvert, pillage de bâtiments, pollution du gave etc…comment le haut commissaire au plan pourra donner un plan d’orientation d’avenir aux français ? Tout un programme !

Ne soyons pas étonnés que l’on se prenne le réchauffement climatique en pleine face.

« Gouverner, c’est prévoir ; et ne rien prévoir c’est courir à sa perte ». N’en sommes nous pas là ?

Pau le 25 juillet 2022

Par Pécé

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5 commentaires

  • Pour nos élus, l’argent du contribuable n’a pas de valeur. Quant aux normes… elles sont destinées aux contribuables.

  • En 2015, le conseil municipal de Pau avait engagé deux millions d’euros pour « une cure de jouvence« de l’Hôtel de ville. Ce n’ était qu’ une cure de jouvence … C’ était au temps où nos Elus pensaient que la belle vie allait durer et qu’ ils seraient toujours des intouchables hors classe, à qui l’ on allait pas en remontrer.

    • Bien, mais après ce constat, que se passe-t-il de positif ?

      • « Bien, mais après ce constat, que se passe-t-il de positif ? »
        RIEN, que voulez-vous qu’il se passe de positif ? Dépenser l’argent du contribuable, ça c’est du positif.
        Un thermicien pourrait-il calculer (avec le DJU) la totalité des déperditions depuis 2016 de l’ensemble des fenêtres laissées en simple vitrage visibles depuis la rue ?
        « La folie c’est de faire la même chose en espérant un résultat différent » A. EINSTEIN . C’est bien le cas de la part du Très Haut Technicien au Plan, Non ?

  • Problème fondamental bien mis en évidence. Mais tout cela n’augure rien de bon.

    Pourtant il existe des méthodes de travail qui permettraient, devant une situation un peu complexe, de bien poser les problèmes, d’aider à l’analyse et à définir les actions à mener. Encore faut-il s’y intéresser. Hélas, chez nos chers élus, le discours prévaut sur l’analyse. Cela s’apparente, au mieux, à de l’ignorance, au pire, à de la prétention criminelle.

    Il s’agirait simplement de faire appel à des méthodes définies dans des normes internationales ISO. Plus précisément par la norme ISO 9001, bien connue dans le milieu industriel international qui cherche l’optimisation, la réduction des coûts… et à faire des bénéfices.

    Le déroulement de la méthode mène à définir des indicateurs (par exemple les kWh consommés) et les objectifs mesurables à termes et, si nécessaire, la définition d’actions correctives . Et bien sûr, définissant cas par cas qui en est la personne responsable.

    Tout cela pour qu’enfin les citoyens puissent accéder aux résultats obtenus, concernant la réduction de la consommation énergétique (éclairage urbain, chauffage des bâtiments publics, consommation des véhicules municipaux, etc.)
    Mais on peut rêver…