L’eau est un chef d’œuvre en péril.

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 Ce qui est merveilleux, pardon lamentable, j’irai même jusqu’à criminel, c’est la façon dont le gouvernement continue, imperturbable, sa politique libérale,

comme avant.

On parlait de la dette, de la croissance, du PIB, des économies qu’il faudra faire, du tourisme, de l’aide aux entreprises polluantes, des vertus du nucléaire… alors que la France était en feu, que des pompiers s’épuisaient à limiter les désastres que cette politique a contribué à créer, avec l’aide des grandes puissances économiques. Le matériel et le personnel sont insuffisants mais il faut limiter le plus possible les dépenses de l’État en favorisant le plus possible les profits de ceux qui accumulent et qu’on ne veut pas taxer ! Macron et son équipe peuvent être fiers du résultat de ses « petits pas » et de sa politique environnementale qu’il prétend être l’une des meilleures.
La croissance économique, cause de ce mal qui répand la terreur,  va-t-elle rapporter plus que le montant de la réparation du mal qu’elle a provoqué ?
Parmi les conséquences désastreuses du laisser faire et du laisser dire, évoquons le problème de l’eau.
Le 8 août 2022, dans 95 départements touchés par la sécheresse, les préfets ont dû prendre des arrêtés visant à restreindre les usages de l’eau. Tempêtes, inondations, sécheresses… Les catastrophes naturelles qui se multiplient aux quatre coins de la planète témoignent que la crise climatique est une crise de l’eau. Le climat ne fait qu’aggraver les pressions multiples exercées sur elle par l’activité humaine : pollution, surexploitation, agriculture intensive, gaspillage, accaparements… Nous maltraitons cet élément naturel, unique et fragile, indispensable à la vie sur terre.
Changements climatiques, pollution, surpopulation : aujourd’hui 1,7 milliard de personnes manquent d’eau douce. En 2025, elles seront 2,4 milliards. Déjà, des conflits éclatent à propos de l’eau. La guerre de l’eau n‘est pas récente, l’histoire nous enseigne de nombreux exemples montrant que bien des conflits supposés être politique ou économique, étaient en réalité liés à une décision de bloquer l’eau à ces voisins, de servir de moyen diplomatique de s’imposer. En Israël, la lutte pour le contrôle des eaux du Jourdain a été l’une des causes de la guerre des Six-Jours. Elle a permis d’accaparer les ressources de Gaza, de la Cisjordanie et du Golan. L’annexion du Golan, surnommé le « château d’eau », permet le contrôle du bassin d’alimentation amont du Jourdain, et se traduit par l’expulsion de la majorité de la population (100.000 personnes), ce qui, du même coup, permet à Israël de récupérer l’eau qui n’est plus localement consommée. Les États-Unis eux-mêmes, en situation de pénurie, lorgnent sur l’eau du Canada… Que se passera-t-il lorsque, en certains points du globe, cette ressource indispensable à la vie s’épuisera ? Une chose est certaine : la rareté croissante de l’eau nous impose d’agir vite. La guerre de l’eau fait rage dans le monde : au Moyen-Orient, mais pas seulement. La frontière entre les États-Unis et le Mexique est par exemple concernée par ce type de conflit.  Comment expliquer le conflit d’usage autour du Nil ? Soumis à la même pression démographique que leur voisin, les autres pays riverains multiplient les projets de barrages sur ce fleuve qui prend sa source en Éthiopie pour le Nil Bleu et au Burundi pour le Nil Blanc. Au risque de réduire le niveau du fleuve en aval et d’alimenter les tensions. 

On vit de plus en plus, sur la planète, l’affrontement de deux besoins vitaux qui deviennent de plus en plus concurrentiels et incompatibles : 

 les besoins en eau.

*Ceux du système industriel qui rêve de croissance éternelle.  Il est dépendant de l’eau pour répondre aux besoins énergétiques toujours plus importants de la filière : hydroélectricité, métallurgie, transports, processus industriels en général, agriculture, élevage, agroalimentaire.
*Ceux de l’Humanité. L’organisme humain en contient en moyenne 65%, non répartie uniformément. Il ne peut pas la stocker et ne peut pas vivre plus de quelques jours sans apport. Les fonctions sont nombreuses : transport par le sang et la lymphe, régulation thermique par le rejet d’eau appelé sudation, élimination de toxines par les reins et l’urine…


Sans eau, la vie n’est pas possible


Nous vivons actuellement une surconsommation dramatique d’eau douce dans les pays développés dues à des besoins industriels et non aux besoins primaires des hommes .

 Il n’y a pas si longtemps, le problème de la pollution aux nitrates et pesticides de l’eau de boisson à Arzacq était abordé ; les élus étaient rendus responsables, le préfet en première ligne. Comme toujours, quand il y a un problème, il faut trouver «la cause» car il y en a toujours qu’une seule et c’est elle qu’il faut  éliminer !!

Dans ce cas, le plus facile à dénoncer est de s’en tenir au dernier maillon de la chaîne : les responsables de la qualité de l’eau de boisson délivrée aux particuliers  donc les gestionnaires agréés ; cela tombe bien, ce sont des élus, ils sont donc soupçonnables par principe. Cependant, si l’on remonte la chaîne des causes, les coupables sont  ailleurs ; ils forment un réseau de  concurrents «assoiffés» d’argent, 

       dont les éleveurs, agriculteurs, et consommateurs sont les dindons. 

*Toute la filière amont : engrais, aliments de synthèse, industrie du labourage, drainage, arrosage, traitements phytosanitaires et vétérinaires… La contamination des nappes phréatiques par l’utilisation de produits chimiques pour un usage agricole.

*Toute la filière aval : récolte ou abattage, transport, hygiène conservation, gestion, agroalimentaire, commercialisation, transport… sont des gros consommateurs d’eau, d’énergie et des producteurs intensifs de polluants retrouvés dans l’eau de boisson et nos aliments, des lobbys puissants auprès des élus incompétents, par certains syndicats de riches industriels qui ne pensent qu’à leurs intérêts financiers. Si, comme il devient de plus en plus urgent pour la santé, de rétablir la qualité de l’eau, qu’elle soit des nappes superficielles ou profondes, d’eau douce ou marine, ce n’est pas en jetant l’opprobre sur un seul élément d’une chaîne mais en s’attaquant au fond même de la conception politique de la liberté d’entreprendre qui veut être de moins en moins régulée.
Ce qui nous manque, c’est une prise de conscience politique. Nous devons déclarer la crise de l’eau, au même titre que la crise climatique, plus importante que la crise du pouvoir d’achat ou la crise politique pour résoudre le problème des retraites ! Il faut alors mettre les moyens financiers nécessaires sans se soucier des retombées que cela peut provoquer… Parce que les solutions ne sont pas appliquées et qu’il n’existe actuellement aucun espace où les décideurs sont invités à s’engager sur la question de l’eau, il est temps de résorber le vide politique laissé sur ce sujet. Parmi le vide politique, 

*La volonté de multiplier les centrales en est un. Plusieurs réacteurs nucléaires d’EDF ont été contraints d’abaisser leur production en raison des températures élevées des cours d’eau utilisées pour leur refroidissement, a indiqué l’entreprise ce vendredi. « Les conditions climatiques exceptionnelles actuelles se traduisent par une montée de la température de la Garonne qui a atteint 28 degrés », indique EDF.
*La connaissance de la répartition des consommations devrait permettre un partage équitable, pour un développement durable, des «insuffisances ». Malheureusement la politique actuelle, les enjeux financiers, le jeux des lobbies, la puissance des grands groupes par le biais des syndicats…perturbent l’équilibre nécessaire créant des inégalités dont le consommateur d’eau potable est toujours le dindon.

A lire

Partout sur Terre, l’eau de pluie est devenue impropre à la consommation. On les appelle les « produits chimiques éternels » en raison de leur persistance dans l’environnement. Les PFAS (per et polyfluoroalkylées) sont…

http://i.futurasciences.fr/tk/t/2/1237141365d7a0/11803755f90/9222931eb/42031189e7/
Lire aussi l’article
http://i.futurasciences.fr/tk/t/2/1237141365d7a0/4100475e3dc/9222931eb/42031189e7

signé Georges Vallet

crédits photos : https://hanslucas.com/rhoussin/photo/36705

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Un commentaire

  • Surpris de l’absence de réaction aux propos suffisamment explicites de Georges Vallet. Ne correspond-il pas au comportement de fuite de chacune et de chacun d’entre nous, par rapport à ce problème, en ne nous associant pas, clairement, à celles et à ceux qui, peu sympathiquement dénommés « écolos », dénoncent cependant l’inactivité des Élus en charge d’améliorer cette dramatique situation? Moi, compris. À la base, c’est un problème de civisme.