L’Ordre des choses.

Après les incendies, l’enchaînement des phénomènes biologiques suit une évolution dont l’homme doit être conscient pour en tenir compte et ne pas la contrarier sous peine de désagréments de toute nature, économiques entre autres.
En effet, dans la nature, chaque chose a sa place et chaque place a sa chose.
* Dans la zone qui a brûlé et qui est tout juste refroidie, on trouve tout une faune attirée par les odeurs, les fumées qui s’en dégagent ; ce sont les milieux des « pyrophiles ». En France, pour ne citer qu’un exemple, melanophila cuspidata est une espèce de coléoptère, un bupreste, dont la larve vit aux dépens du Pin d’Alep et du genévrier oxycèdre incendiés. Sa préférence va à des troncs encore debout qui viennent d’être brûlés. Quelques espèces de carabidés sont, sinon exclusives, du moins préférentielles des zones brûlées. En dehors des bois brûlés, on ne les trouve pas ; c’est leur place dans l’écosystème. Ils ne sont donc pas dangereux pour l’arboriculture, au contraire, ils achèvent la décomposition de ces bois et leur recyclage dans le monde minéral, indispensable à la renaissance de la flore donc la repousse de nouveaux jeunes arbres ;
ce sont donc des « destructeurs » utiles !
*Dans les zones périphériques atteintes par la sécheresse ou les fumées et la chaleur issue des incendies proches, les arbres sont affaiblis, les aiguilles jaunes tombent… et quand on est affaibli on devient la proie des parasites. Parmi ceux là, toutes ces ceintures sont la proie des scolytes qui vivent sous les écorces, coupent la montée de sève et provoquent la mort de l’arbre. C’est très grave car on ne connaît pas de traitement.
Ceux-là sont donc des destructeurs dangereux.
Cette atteinte d’arbres affaiblis se retrouve aussi aux niveau des arbres de nos villes et de nos campagnes. Qui n’a pas vu, le long des allées de Morlàas, un soir de fin de printemps, le Grand Capricorne des chênes, Cérambyx cerdo, soit se promenant le long des troncs des chênes, soit volant d’un arbre à l’autre. Il est assez abondant et ses larves mettent en péril les chênes des Allées. Ceci est lié aux traitements absolument anti-écologiques imposés par la municipalité ; les arbres sont affaiblis par les élagages sévères et répétés, pas toujours à la bonne époque, le piétinement de leur base donc l’asphyxie des racines, les atteintes par les champignons au niveau des plaies provoquées par la taille.
Dans le cadre de la place des choses, le public ne comprend souvent pas pourquoi on doit laisser le bois mort pourrir dans nos forêts ; ce bois mort est à sa place car, en subissant les attaques de toute une faune et une flore microscopique, il est entièrement décomposé en un terreau nutritif qui permet une forêt durable.
« Il n’y a rien de si difficile ni de si dangereux que d’entreprendre de changer l’ordre des choses » Machiavel
signé : Georges Vallet
crédits photos : https://citation-celebre.leparisien.fr/citations/2079