Les saisons en terre d’Islam

Au début de 2011 , « le printemps arabe » était devenu une expression porteuse de multiples espoirs. Espoirs de démocratie, de liberté, de moralisation politique.
Au beau milieu de l’été 2010, le gouvernement algérien décida d’interdire les sit-in hebdomadaires qui depuis 12 ans étaient le seul espace d’expression demandant vérité et justice par les familles de disparus. Il dut aussi faire face à une jeunesse qui, avide de liberté religieuse, prenait une certaine distance avec le respect du ramadan ou ou le port du hijab.
La contestation larvée qui ne devait son silence qu’à une dictature de la pensée allait semer des germes dans divers pays du monde arabe dirigés par des dictateurs corrompus.
Et ce fut l’immolation, le 17 décembre 2010, d’un modeste vendeur de fruits et légumes, Mohamed Bouazizi, injustement victime de la confiscation de sa marchandise, sa balance et sa charrette par des placiers sans doute aussi pauvres que lui, suivi de son décès quelques jours plus tard, qui conduisit le chef de l’état, Zine el-Abidine Ben Ali, à s’exiler alors que « dégage » était le cri des manifestants, qui déclencha des mouvements de révolte dans divers pays arabes dont la Libye, la Syrie ou l’Egypte. Un espoir de démocratie y était né. Qu’en est-il advenu ?
En Tunisie, un décret présidentiel du 22 septembre 2021 avait suspendu la constitution adoptée en 2014 et conféré l’essentiel des pouvoirs constitutionnels à son auteur qui, au bénéfice d’un référendum du 25 juillet 2022, a obtenu l’adoption ( avec une abstention de l’ordre de 72% ) d’une nouvelle constitution instaurant un régime présidentiel concédant au chef de l’état la mainmise sur les institutions ( gouvernement et parlement ).
En Syrie, Bachar Al-Assad toujours en place et une impitoyable répression des révoltes et revendications démocratiques. Au moins 380.000 morts.
En Égypte, Hosni Moubarak démissionne après un soulèvement et au moins 850 morts. C’est un islamiste, Mohamed Morsi qui lui succède avant d’être destitué par l’armée et condamné à la prison perpétuelle.
En Libye, Kadhafi « liquidé », deux autorités se disputent le pouvoir. Elles sont soutenues par plusieurs puissances étrangères et plus de 800.000 libyens, confrontés à une guerre civile, ne voient d’autres issues que l’exil.
Le printemps arabe n’a finalement pas accouché de la démocratisation et de l’instauration généralisée des droits universels qui font face à une idéologie supérieure : la charia.
Une nouvelle lueur d’espoir pointe avec l’automne iranien. Comme en Tunisie en décembre 2010, c’est un fait isolé qui est à l’origine de manifestations populaires. Une malheureuse jeune fille, Massa Amini, a perdu la vie pour une poignée de cheveux non dissimulés sous le voile qu’elle portait.
Sa mort dans les locaux de la police des mœurs a provoqué une vague de protestations où une jeune femme à peine âgée de 20 ans a été abattue le 22 septembre par les forces de sécurité.
Depuis, les manifestations continuent et avec elles leur lot de victimes des forces de police. Elles ne sont pas seulement le fait de femmes et la présence d’hommes à leurs côtés laisse à penser que les manifestations expriment aussi une révolte contre un système reposant sur un idéal religieux qu’il impose à tous les citoyens croyants ou non.
Mais, assez curieusement, l’islam qui subit une remise en cause dans les territoires où il est religion d’état, séduit une population occidentale, plutôt jeune, dont on aimerait bien connaître les motivations. L’hiver, ses nuits longues et ses froidures serait-il plus agréable qu’un été ensoleillé et lumineux ?
Pierre ESPOSITO
Crédit photo : lorientlejour.com
« séduit une population occidentale, plutôt jeune, dont on aimerait bien connaître les motivations. »
1°)
Pourriez-vous approfondir.
De quelle population voulez-vous parler?
*Des non-musulmans
*Des agnostiques en recherche de spiritualité, des intellectuels souvent de milieux aisés
*Des catholiques ou des protestants en rupture avec leur religion. Le pasteur Saïd Oujibou dénonçait le nombre de conversions à l’islam en hausse de jeunes issus de familles évangéliques.
2°)
N’auriez-vous pas été influencé par un des textes que vous avez lu et que l’on trouve sur internet; vous en citez une toute petite partie. j’en conseille d’ailleurs la lecture car elle est intéressante.
Vous posez la question de la motivation; vous savez très bien qu’elle est dans le texte; cette réponse me semble tout à fait exacte. C’est le fruit d’une société qui ne connaît que l’argent, la consommation, la possession de biens matériels.
On peut y lire
« Les raisons pouvant expliquer cette tentation sont très simples: l’homme a besoin d’être animé par une raison de vivre, par un idéal, par une cause noble à laquelle se donner. Il a besoin d’estime, il a besoin que l’on reconnaisse sa dignité. »
« Dans nos sociétés modernes, fondées sur la satisfaction des besoins matériels des individus et sur la recherche du bonheur individuel, des sociétés que les anthropologues caractérisent comme individualistes et matérialistes, les jeunes ne voient pas de possibilités de satisfaire les besoins de leur «thymos».
Pourquoi dans nos sociétés occidentales des jeunes se …
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