Le showman Poutine et ses désillusions (première partie)

Nous avons tous vu le grand show sponsorisé par Poutine le 30 septembre dernier pour célébrer la russification de quatre régions ukrainiennes. Signature ostentatoire de documents et truquage électoral baptisé référendum à la clé, l’artiste en artifices qu’il est, simulait une victoire fantôme sur la Place Rouge de Moscou devant une petite foule de privilégiés de son régime accompagnés de leurs familles. Mais leurs hourras et bravos n’étaient pas très convaincants.
Une drôle d’ambiance flottait sur ce spectacle à l’américaine organisé par un homme qui hait les États-Unis. Tenaillé par le complexe d’infériorité russe, Poutine cherche à prouver qu’il peut en tout faire aussi bien sinon mieux que les Yankees détestés. Évidemment, il n’y parviendra pas davantage que ses prédécesseurs Staline et Khrouchtchev. La débandade gagne ses troupes à l’Est et au Sud de l’Ukraine et son blason se ternit sur la planète onusienne. Il ne marque des points que dans des pays arriérés du tiers-monde et chez les autocrates de son acabit. Et encore. Chine et Turquie prennent du recul. L’Inde aussi. En Ukraine, il mordu du granit. II y essuie maintenant échec sur échec.
Déroutée par son attaque surprise depuis février dernier, l’Ukraine libre a repris le dessus depuis le début de septembre. Ses alliés voient que la victoire est désormais possible, voire probable. En visite à Odessa au moment du show moscovite, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a dit que les menaces de Poutine ne devaient pas « nous paralyser ». L’Allemagne donnera sous peu à l’armée ukrainienne son système de défense anti-aérienne du futur, Iris-T SL. Il s’ajoutera au Hilmar multitubes américain et au canon César français. Simultanément, Lloyd Austin, ministre américain de la Défense, assurait l’Ukraine du soutien durable des USA. Et le pire pour Poutine est la fuite des 300 000 à 400 000 jeunes Russes qualifiés et motivés qui ont émigré pour ne pas être la chair à canons de ses lubies guerrières.
Répondant à un blogueur allemand qui recommandait de ne pas irriter Poutine, le ministre allemand de la Santé, Karl Lauterbach, a tapé dans le mille : « Franchement, à quoi bon s’agenouiller devant Poutine ? Nous sommes en guerre contre Poutine, pas contre ses psychothérapeutes ». Il faut continuer à viser la victoire par la libération de l’Ukraine, a-t-il tweeté encore, et « peu importe si la psyché de Poutine ne peut le supporter ». Il est vrai que, pour le conquistadore russe, la désillusion est amère. Il y a eu la libération, le 1er octobre, d’une nouvelle ville stratégique de l’Est ukrainien en territoire annexé, Lyman. Puis le président Selensky a annoncé d’autres percées dans les régions occupées par les Russes. Au Sud près de Kherson annexée deux petites agglomérations, Arkhanhelske et Myrolyubiwka, ont été reprises. Kherson sera bientôt libre. L’armée ukrainienne avance vite avant d’être entravée par le Général Hiver. Quant aux fameux 300 000 Réservistes mobilisés par Poutine, Selensky leur a promis de « les tuer un à un ». Pas de quoi susciter leur enthousiasme.
Du coup, la colère fermente à Moscou. Des hauts gradés russes exigent que le commandement militaire soit décapité et même que des armes nucléaires soient utilisées pour mettre fin à cette misère. Aussi Poutine brandit-il à nouveau le glaive atomique. Mais la perspective d’un conflit nucléaire n’enchante certainement pas tous ses séides peut-être pas aussi suicidaires que leur boss. Selensky qui doit savoir que le torchon brûle autour de Poutine, n’a pas dit sans raison qu’il ne négociera jamais avec lui. Poutine a le dos au mur. Les Américains auraient pris discrètement contact avec Moscou en indiquant avec précision les cibles russes que leur réplique détruirait si Poutine franchit la ligne rouge de l’atome. Épaulé par son secrétaire d’État Antony Blinken, Joe Biden lui a fait comprendre que l’emploi d’un missile nucléaire déclencherait, cette fois, une riposte occidentale conséquente. Ce n’est pas usuel dans une guerre qu’on dise à l’adversaire ce qu’on va faire. Mais la dissuasion nucléaire a ses propres règles. Le Kremlin sait à présent que la Russie connaîtrait l’apocalypse.
Dans un premier temps, la riposte ne serait pas nucléaire. Selon l’ancien directeur de la CIA, le général David Petraeus, tous les pays de l’OTAN détruiraient ensemble toutes les forces russes en Ukraine et la flotte russe de la Mer noire. Cela impliquerait donc l’engagement direct de ‘OTAN en Ukraine. Le secrétaire d’État Antony Blinken et le président Joe Biden ont signifié par ailleurs au Kremlin que le recours au nucléaire déclenchera une riposte occidentale conséquente. Ce n’est pas usuel dans une guerre qu’on dise à l’adversaire ce qu’on va faire. Mais la dissuasion nucléaire a ses propres règles.
Dans un premier temps, la riposte ne serait pas nucléaire. Selon l’ancien directeur de la CIA, le général David Petraeus, tous les pays de l’OTAN détruiraient ensemble toutes les forces russes en Ukraine et la flotte russe de la Mer noire. Cela impliquerait donc l’engagement direct de ‘OTAN en Ukraine. Le secrétaire d’État Antony Blinken et le président Joe Biden ont signifié par ailleurs au Kremlin que le recours au nucléaire déclenchera une riposte occidentale conséquente. Ce n’est pas usuel dans une guerre qu’on dise à l’adversaire ce qu’on va faire. Mais la dissuasion nucléaire a ses propres règles.
Poutine va-t-il sous-estimer une fois de plus la volonté de résistance et la lucidité du camp occidental ? Son « opération spéciale » de trois jours est devenue une guerre durable de haute intensité parce que l’Ukraine et ses alliés lui résistent efficacement. Une bombe nucléaire tactique amorcée en Ukraine aurait des conséquences pires pour lui. Or, les Occidentaux savent qu’un scenario nucléaire tactique existe dans l‘armée russe. Ils ont eu le temps de s’y préparer.
En 1990-91 déjà, les militaires soviétiques envisageaient une attaque contre l’Ouest avec un appui nucléaire. Gorbatchev avait eu bien du mal à les retenir. Ce ne fut pas le moindre mérite de l’ex-président russe récemment décédé. Mais, à l’époque, le Parti communiste qu’il dirigeait avait encore le pouvoir. La Russie de Poutine est passée, elle, sous la coupe de l’armée et des services secrets KGB/FSB. C’est là que tout se décide.
Jean-Paul Picaper
Crédit photo : TF1info
P’tit retour sur le passé et la « réalité de la réalité » en commençant par un hommage à Anna Politkovskaïa…
① Lire l’article « « Pourquoi je n’aime pas Poutine » : retour sur les écrits de Anna Politkovskaïa » : par Jean-François Bouthors, publié le 30 septembre 2022
Source : site web desk-russie.eu (URL : https://desk-russie.eu/ )
Chapeau de l’article : Il y a vingt ans, la journaliste russe Anna Polikovskaïa finissait son livre « Tchétchénie, le déshonneur russe »
URL : https://desk-russie.eu/2022/09/30/pourquoi-je-naime-pas.html
Rappels : liste des sites non exhaustive…
FSB ex.KGB / liens avec des clans mafieux et autres oligarques corrompus… :
② Article « EXCLUSIF – Corruption, liens avec la mafia, enrichissement personnel… La face cachée de Poutine : par Nicolas Tonev, édité par A.P, publié 25 février 2022
Source : site web de la radio Europe 1 (International)
URL : https://www.europe1.fr/international/exclusif-corruption-liens-avec-la-mafia-enrichissement-personnel-la-face-cachee-de-poutine-4096063
③ Article « Corruption à tous les étages en Russie » : par Marie Simon, publié le 02/12/2010
Source : site web du magazine L’Express (Section « Wikileaks »)
Chapeau de l’article : La Russie de Poutine selon Wikipedia est un pays gangréné par la corruption, où le gouvernement laisse la mafia accomplir ses basses oeuvres. Édifiant.
URL : https://www.lexpress.fr/actualite/monde/corruption-a-tous-les-etages-en-russie_941826.html
④ Article « « Notre peuple n’est pas stupide » : Un haut gradé russe alerte sur les défaites russes en Ukraine » : par le HuffPost avec AFP, publié le 05/10/2022
Source : site web du Huffington Post (International)
URL : https://www.huffingtonpost.fr/international/article/guerre-en-ukraine-un-haut-grade-russe-alerte-sur-les-defaites-russes_208599.html
⑤ Article « L’ex-directeur de la CIA assure que l’Otan « éliminerait » les « forces russes » en Ukraine si Poutine utilisait l’arme nucléaire » : par Jeanne Durieux, publié le 04/10/2022
Nota : déclaration de l’ex-directeur de la CIA, David H. Petraeus, ancien commandant de l’armée américaine (2010-2011) en Afghanistan…
Source : site web du journal Le Figaro (International)
URL : https://www.lefigaro.fr/international/les-etats-unis-detruiraient-les-troupes-russes-en-ukraine-si-poutine-utilisait-l-arme-nucleaire-selon-l-ex-directeur-de-la-cia-20221003
⑥ Article (Réservé aux abonnés = extrait pages 1 à 8) « L’Ukraine et ses faux amis » (Derrière la guerre, les affaires) : par Pierre Rimbert (octobre 2022)
Source : site web Le Monde diplomatique
URL : https://www.monde-diplomatique.fr/2022/10/RIMBERT/65197
Et enfin, pour terminer sur une bonne (?) note :
Lire l’article « Poutine à la dérive » : par Gérard Grumberg, publié le 29 septembre 2022
Nota : lire aussi la section « A lire également »
Source : site web Telos (Revue numérique fondée en décembre 2005)
URL : https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/poutine-a-la-derive.html
Est-ce que cela reniflerait le chaos et la fin de règne ??? 😉 😉 😉
La parenthèse Gorbatchev aura laissé peu de traces et l’occident, l’OTAN notamment, a joué la carte Eltsine un peu imprudemment. Plus de discernement aurait été souhaitable. Poutine n’est que la revanche des services secrets soviétiques (russes désormais) et il mène leur politique: ultranationalisme et accaparement des richesses au profit de quelques uns. On aurait tort de sous-estimer la puissance de ce groupe et surtout les ambitions de ce système qui a derrière lui non-seulement la population (dans sa majorité) mais aussi une grande partie des puissances mondiales : Chine, Inde, Iran, Brésil (?) notamment. C’est le vieux combat Est/Ouest. Le modèle autoritaire contre la démocratie. Que faire ? Soutenir l’Ukraine, sans illusion car le rapport de force est en faveur de la Russie (à court terme en tout cas).
/ « La Russie de Poutine est passée, elle, sous la coupe de l’armée et des services secrets du KGB / FSB. C’est là que tout se décide. »
Et le FSB ex. KGB, n’est-il pas aussi une mafia ?!? 😉 😉 😉
Sur ce sujet (Corruption et mafia…), il y a tellement d’articles dans la presse, sur le web et de livres que je n’ose pas les citer : la liste serait trop longue… 😉 😉 😉